(BFI) – Le Cameroun, pays riche en ressources pétrolières et minières, se retrouve une nouvelle fois « suspendu » par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie). L’organisation estime, après avoir évalué les pratiques de ces trois dernières années, que le Cameroun ne respecte pas pleinement certaines exigences en matière de transparence et de gouvernance.
Le Cameroun obtient un score global « assez faible » pour reprendre la terminologie de l’Itie. Cette organisation internationale veille à ce que les ressources naturelles des pays membres soient exploitées de façon transparente et au bénéfice des citoyens. Son conseil d’administration exprime « sa vive préoccupation » concernant la société civile et rappelle que le Cameroun – pour respecter ses engagements dans la mise en oeuvre de la norme Itie – « doit protéger les acteurs de la société civile contre des actes de harcèlement, des intimidations, ou des persécutions s’ils expriment leurs opinions sur la gouvernance des secteurs gaziers, pétroliers, miniers ».
Le « Cameroun est aussi tenu de divulguer tous les contrats et licences » et doit rendre public une explication du rôle des entreprises d’État des règles et des pratiques courantes qui régissent les relations financières entre celles-ci et le gouvernement.
« S’agissant des recettes qui ne transitent pas par les comptes du Trésor public, leur affectation doit être expliquée », poursuit l’instance.
Le secrétariat international de l’ITIE exige que l’implication de la société civile soit améliorée. A la lecture des analyses de l’institution, au-delà des autorités camerounaises, cette suspension est aussi un message à l’endroit d’une société civile camerounaise qui doit encore faire des efforts.
« Des faiblesses sont notées dans l’engagement de la société civile dans l’EITI et dans sa capacité à utiliser le processus pour influencer la prise de décision publique. Ces défis sont liés à un manque de responsabilité de la majorité des représentants de la société civile au sein du groupe multipartite (MSG) et à des problèmes de gouvernance plus larges », peut-on lire dans le document de l’ITIE.
La prochaine validation du Cameroun interviendra en avril 2027 et le pays devra apporter des mesures correctives à une vingtaines d’exigences. En plus de cela, il faudra que l’ensemble des acteurs du processus se soient appropriés une compréhension claire de la norme 2023, qui est plus exigeante sur des questions comme la propriété effective ou encore les questions de transition énergétique. Sans progrès accompli, le Cameroun s’expose à une radiation.
André Noir