(BFI) – Pour tirer un plus grand profit de l’exploitation de leurs ressources extractives, les pays de la CEDEAO doivent consacrer davantage d’énergie au développement du capital humain. C’est l’un des premiers enseignements à retenir de la 4ème édition du Forum des Mines et des Hydrocarbures de la CEDEAO (ECOMOF) en cours depuis jeudi 22 février à Cotonou (Bénin).
Durant une session de haut niveau qui a vu la participation de plusieurs ministres et spécialistes de ces secteurs, les discussions ont porté sur les politiques de mutualisation et d’harmonisation à mettre en place pour accroître la valeur ajoutée créée par l’exploitation des ressources géo-extractives. Selon Dr Omar Farouk Ibrahim, SG de l’APPO, l’Organisation des producteurs africains de pétrole, l’une des plus grosses erreurs des pays a été de penser que leur richesse était les ressources minérales dont regorge leur sous-sol, alors que « la vraie richesse vient plutôt du capital humain ».
Pour expliquer son propos, il a pris l’exemple des négociations effectuées au sujet des ressources extractives dans le passé, pointant du doigt les nombreuses concessions faites et qui n’étaient pas forcément dans l’intérêt des pays de la sous-région. De même, les États participent à de grandes conférences comme la COP, mais finissent par revenir avec des décisions toutes faites des grandes puissances, en se liant les mains. Ces exemples montrent un manque de compétence en matière de négociation et il faut investir dans le capital humain pour changer la donne.
Ce point de vue est partagé par le ministre béninois de l’Énergie, de l’Eau et des Mines, Samou Seidou Adambi, qui a indiqué que dans la négociation des contrats dans les secteurs extractifs, les multinationales sont plus fortes. Selon lui, les États n’ont pas les compétences et il faut souvent aller les chercher ailleurs, ce qui met en exergue le besoin en formations de qualité. De son côté, le ministre gambien du Pétrole et de l’Energie Adboulie Jobe a insisté sur la nécessité d’une coopération et d’une collaboration entre les Etats de la CEDEAO pour construire un réservoir de compétences utilisables dans ces secteurs.
Il faut noter que la question de l’importance du capital humain dans le développement du secteur extractif en Afrique a déjà été soulevée par plusieurs institutions et experts. Par exemple, dans un rapport paru il y a quelques années, la Banque mondiale indiquait déjà qu’un capital humain de qualité et spécialisé constitue « le déterminant le plus important des bénéfices économiques » dans les pays riches en ressources extractives. Selon l’institution, construire un capital humain spécialisé ajoute de la valeur pour les fournisseurs locaux, crée un grand nombre d’emplois directs et indirects, et renforce les capacités de gouvernance. Des études plus récentes évoquent même une théorie du capital humain dans l’industrie minière soulignant l’importance d’investir dans le développement et la gestion des ressources humaines pour améliorer la productivité et l’efficacité.
Dans un rapport intitulé « En finir avec la malédiction des matières premières » et disponible sur la plateforme Ecofin Pro, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ont été cités comme cas d’école de la malédiction des ressources minérales. Dans un contexte où les pays ouest-africains disposent de vastes ressources minérales, mais ont historiquement échoué à en faire profiter leurs populations, ramener la question du capital humain peut être un début de solution. Il ne faut cependant pas oublier les autres défis du secteur, qui comprennent entre autres les problèmes de corruption, le manque de stratégie à long terme et les insuffisances en matière de politiques de contenu local et de création de valeur ajoutée.