(BFI) – Le capitaine Ibrahim Traoré, qui dirige le Burkina Faso depuis le coup d’Etat en septembre 2023, souligne que l’abandon du franc CFA pourrait être l’une des prochaines actions visant à « briser tous les liens qui maintiennent son pays dans l’esclavage ».
Après son retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Burkina Faso pourrait quitter l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui regroupe huit pays et utilise une monnaie commune, le franc CFA, a annoncé le président de la transition Ibrahim Traoré (photo), mercredi 31 janvier.
Interrogé par le journaliste camerounais Alain Foka, sur l’intention de Ouagadougou en ce qui concerne le franc CFA, le chef de la junte burkinabé arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en septembre 2022 a indiqué qu’il « s’attaquerait probablement » à cette monnaie arrimée à l’euro selon une parité fixe.
« Laissez venir les choses. Tout ce que nous faisons vous a peut-être surpris, n’est-ce pas ? Des changements pourraient encore vous surprendre. Et il n’y a pas que de la monnaie. Nous allons briser tous les liens qui nous maintiennent dans l’esclavage », a-t-il déclaré.
Les détracteurs du franc CFA, dont la convertibilité est garantie par le Trésor français, le considèrent comme un héritage de la colonisation, tandis que ses partisans affirment qu’il a apporté une stabilité financière indéniable dans la région.
Le capitaine Traoré a d’autre part indiqué que le Burkina Faso n’envisage pas de réintégrer la CEDEAO. « Notre itinéraire est un chemin de non-retour. La CEDEAO, c’est fini », a-t-il lancé.
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger avaient annoncé, dimanche 28 janvier, leur retrait de la CEDEAO, tout en accusant cette organisation régionale de « ne pas les avoir aidés face aux djihadistes » et de s’être « éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme ».
Les trois pays dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d’Etat avaient annoncé, le 16 septembre dernier, la création d’une nouvelle organisation sous-régionale baptisée l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Ils ont également signé une charte qui prévoit l’établissement d’une « architecture de défense collective et d’assistance mutuelle », en cas de rébellion ou d’agression extérieure.
La charte du « Liptako-Gourma », en référence à la zone dite des « trois frontières » où se concentre la menace djihadiste dans la région du Sahel représente une réponse directe à la menace d’une intervention militaire brandie par la CEDEAO au Niger, après le putsch du 26 juillet 2023. L’organisation régionale qui a pris de lourdes sanctions économiques contre le Niger depuis le 30 juillet avait menacé d’utiliser la force si le régime militaire ne procédait pas au rétablissement du président Bazoum dans ses fonctions.
L’AES a tenu son tout premier sommet ministériel le 25 novembre dans la capitale malienne. Ce sommet s’est soldé par l’adoption de 18 recommandations visant à jeter les bases d’une véritable intégration au sein de la nouvelle alliance, dont l’amélioration de la libre circulation des biens et des personnes, la mise en place d’un dispositif de sécurité alimentaire et l’élaboration d’une stratégie commune d’industrialisation.
Une déclaration commune publiée à l’issue du sommet a également recommandé la mise en place d’un comité d’experts chargé d’étudier la question d’une union économique et monétaire ainsi que la création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissement communs. Les ministres des Affaires étrangères des trois Etats sahéliens ont par ailleurs proposé la création d’une confédération.