(BFI) – Au cours de l’année 2024, le Trésor public camerounais va poursuivre sa stratégie de recherche des capitaux sur différents marchés, afin de pouvoir financer le budget de l’État. À ce titre, apprend-on de la loi de finances de l’État de l’année 2024, promulguée le 19 décembre 2023 par le chef de l’État, un peu plus de 514 milliards de FCFA devraient être mobilisés sur le marché des capitaux sous-régional.
Dans le détail indique Investir au Cameroun, selon les projections du gouvernement, une enveloppe maximale de 375 milliards de FCFA devrait être mobilisée par émissions de titres publics. Ici, le Cameroun aura le choix entre la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), le marché financier unifié de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), et le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), l’institut d’émission commun aux six pays de la Cemac. Au regard du montant global d’endettement par émissions des titres publics projeté dans la loi de finances 2024, l’hypothèse la plus probable est l’utilisation des deux marchés par l’État.
En clair, à côté des émissions régulières des bons du Trésor assimilables (BTA) et des obligations du Trésor assimilables (OTA) sur le marché des titres public de la Beac, l’on s’achemine, au cours de l’année 2024, vers l’émission du 8e emprunt obligataire de l’État du Cameroun sur le marché financier sous-régional. L’hypothèse de l’émission d’un nouvel emprunt obligataire est d’autant plus probable que la bataille pour la mobilisation des financements sur le marché des titres de la Beac, ces dernières années, est devenue plus rude avec les autres États de la Cemac, généralement plus généreux que le Cameroun sur les taux d’intérêts servis aux investisseurs.
À côté des financements à lever par émissions des titres publics, pour un montant n’excédant pas 375 milliards de FCFA, la loi de finances 2024 prévoit un endettement de 139,4 milliards de FCFA sur le marché bancaire national. En d’autres termes, au cours de l’année 2024, le Trésor public contractera des emprunts auprès des banques locales pour ce montant-là.
Au demeurant, que ce soit pour les émissions des titres publics que sur les emprunts bancaires, l’un des plus gros enjeux des opérations de levées de fonds de l’État du Cameroun en 2024 sera le taux d’intérêt proposé aux pourvoyeurs des capitaux. En effet, depuis fin 2021, l’on assiste à un durcissement de la politique monétaire par la banque centrale, qui a eu pour conséquence le relèvement des taux d’intérêt sur le marché des capitaux. Une réalité plutôt inconfortable pour le Cameroun, arc-bouté, depuis belle lurette, à la pratique des taux d’intérêt bas.
Fidèle à sa pratique d’une rémunération maîtrisée des pourvoyeurs de capitaux, contrairement aux autres pays de la Cemac qui aguichent généralement les investisseurs avec des taux d’intérêt alléchants, le Trésor public camerounais a dû accumuler des échecs sur le marché des titres de la Beac en début d’année 2023, avant de consentir à relever ses taux. Tout en demeurant le pays qui s’endette le moins cher sur ce marché. C’est également dans l’optique de maîtriser la rémunération de son endettement sur le marché des capitaux que le Cameroun a expérimenté, en 2023, la toute première émission obligataire à taux multiples sur le marché financier unifié de la Cemac.