(BFI) – Le PDG d’Access Holdings estime qu’une sous-région mieux intégrée est dans l’intérêt de tous et considère le départ des établissements européens ou américains comme un appel à l’action.
L’intégration continentale ne se fera pas sans le poids lourd nigérian du secteur financier. Access Bank table en la matière sur une approche « beaucoup plus agressive » en Afrique, a déclaré son cofondateur Herbert Wigwe, aujourd’hui à la tête d’Access Holdings, navire amiral des filiales du groupe, devant un parterre d’officiels et de dirigeants du secteur de la finance, dont le président togolais Faure Essozimna Gnassingbé, lors de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS), à Lomé.
Défenseur d’une Afrique souveraine financièrement, le dirigeant déplore l’approche très court-termiste des banques étrangères en matière d’investissement sur le continent. « Je gagne de l’argent en Angola, mais je pars du pays demain. Je gagne de l’argent en Afrique francophone, mais demain je m’en vais… On ne peut pas les blâmer, ce sont des capitalistes », a-t-il expliqué.
Avant de poursuivre sur l’opportunité laissée par ces dernières : « Là où nous voyons des banques étrangères se retirer, nous les remplaçons. Nous favorisons une plus grande inclusion financière, nous approfondissons les marchés […] au point où nos gouvernements n’ont plus besoin de chercher ailleurs des financements. Nous pouvons fournir un financement à long terme pour les infrastructures par exemple. »
Parmi les sujets abordés par le banquier nigérian qui vient récemment d’annoncer un investissement majeur dans une future université au Nigeria, l’isolement économique et financier de l’Afrique. Un problème réel pour le continent dont les institutions risquent d’être « désintermédiées » si elles ne se développent pas et ne s’étendent pas vers d’autres marchés mondiaux.
Les comptes bancaires « peuvent être fermés pour des problèmes de conformité », a-t-il pointé. Pour éviter cela et saisir les avantages offerts, il conseille de ne pas être absent des centres financiers mondiaux. « Nous ne pouvons pas blâmer les banques européennes ou américaines qui choisissent de ne pas être ici. Nous pouvons nous blâmer si nous ne sommes pas assez grands pour soutenir nos populations », a-t-il soutenu.
Lagos, future place forte régionale ?
Poursuivant son plaidoyer pour une Afrique économiquement plus forte, en passant par son propre pays, le Nigeria, Herbert Wigwe croit en la capacité de Lagos à jouer un rôle clé dans l’économie de l’Afrique de l’Ouest à l’avenir, n’hésitant pas à comparer la capitale économique du Nigeria à la place de Singapour, en Asie du Sud-Est.
« Il faut que l’on puisse venir du Mali, du Togo ou du Niger et accéder à des financements à long terme à Lagos », a-t-il déclaré, mettant en avant les points forts de la région qui devraient s’allier du delta du Niger, riche en énergie, au port en eau profonde au Togo.
L’exode des Nigérians talentueux – phénomène connu localement sous le nom de « japa » – à la recherche d’emplois à l’étranger devient de plus en plus difficile à gérer pour les banques nigérianes, eu égard de la pénurie mondiale de talents dans la tech. Le Nigeria est « ciblé par des entreprises étrangères », a encore assuré Herbert Wigwe.
Une partie de la solution consisterait selon lui à bâtir un système éducatif avec des standards de qualité mondiale sur place, plutôt que de permettre aux jeunes africains d’emprunter des chemins bien connus à l’étranger.
Avec Jeune Afrique