(BFI) – Jeudi 2 novembre 2023 à Yaoundé, la Banque Atlantique Cameroun a signé un partenariat pilote avec la Caisse des dépôts et consignations (CDEC) visant à encadrer le transfert et la gestion des fonds et valeurs dévolus à la CDEC. Le directeur général de BAC, Eric Valery Zoa, n’a pas voulu communiquer le montant de l’enveloppe des ressources à transférer.
« Ce qu’on peut dire, c’est que les démembrements de l’État disposent de fonds importants à la Banque Atlantique », a-t-il simplement dit. Il faut dire que parmi les fonds et valeurs dévolus à la CDEC, il y a les « dépôts à termes des administrations publiques, des Collectivités territoriales décentralisées, des établissements publics administratifs et des entreprises du secteur public et parapublic ». Et à fin mai 2023, BAC comptait 334,6 milliards de FCFA de dépôts publics. Ce qui représente plus de 55% du total des dépôts chiffrés à 602,6 milliards de FCFA à la même date.
Eric Valery Zoa pense que cette signature va inciter les autres établissements de crédit à communiquer les informations et à transférer les dépôts à la CDEC. Cette signature intervient alors que cette structure publique éprouve des difficultés à mener ses activités, en raison du manque de collaboration des banques, détentrices du plus gros lot des ressources dévolues à la CDEC. Celles-ci rechignent à déclarer ou font des déclarations partielles des fonds à transférer. Il faut dire que l’arrivée de la CDEC a été perçue comme une « menace » par les acteurs de l’écosystème financier national, notamment les établissements de crédit.
« Certains avaient pensé que la CDEC viendrait déstabiliser le secteur bancaire, d’autres avaient estimé que cette institution viendrait se substituer aux banques. Que non ! La CDEC a un rôle additionnel et complémentaire dans le financement de l’économie. Autant les banques reçoivent les dépôts des épargnants, autant la CDEC s’intéresse à des encaisses oisives que l’État entend utiliser pour des besoins d’intérêt général », déclare Richard Evina Obam, le directeur général de cette institution dont les activités consistent à recevoir, conserver et agréer certains avoirs publics ou privés.
« Nous avons été inquiets de la création de la CDEC. Nous en particulier parce que nous sommes la banque qui a le plus de dépôts publics. Nous avons eu un entretien il y a quelques mois avec le directeur général de la CDEC qui nous a rassurés. Comme il l’a dit, l’argent reste dans les banques. Il s’agira tout simplement d’un transfert de propriété. Et je pense que là, ça doit pouvoir rassurer les autres banques et les entreprises publiques qui ont des dépôts dans toutes les banques », affirme Eric Valery Zoa, le DG de Banque Atlantique Cameroun. Si les sommes logées dans les banques et dévolues à la CDEC restent dans les banques, ces dernières ne pourront toutefois plus en disposer à leur guise.
D’ailleurs, Selon Investir au Cameroun, outre un transfert effectif des fonds et valeurs qui lui sont dévolus, le partenariat avec Banque Atlantique Cameroun garantira également à la CDEC la mise à sa disposition des instruments de placement. Dans le cadre de cet accord, l’institution bancaire mettra aussi à la disposition de la CDEC son savoir-faire en vue de l’autonomisation, de la digitalisation et du monitoring en temps réel de ses services et opérations de collecte et de gestion des dépôts, des cautions et des consignations, apprend-on.
Cet accord intervient deux jours après un premier conclu avec la compagnie d’assurances Allianz Cameroun qui a transféré, mardi, plus de 1,5 milliard de FCFA de contrats d’assurance vie en déshérence à la CDEC. Pour le DG Richard Evina Obam, ce nouvel accord donne un coup d’accélérateur dans le processus d’opérationnalisation de la CDEC, dont la création a été actée par la loi du 14 avril 2008.
André Noir