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La situation de la PME au Cameroun et le défi permanent de l’accès au financement.

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(BFI) – Dans cette allocution prononcée au Rebranding Africa Forum Edition 9, je reviens sur la nécessité de trouver des voies d’améliorer l’accès au financement pour les PME qui représentent l’essentiel du tissu économique africaine et camerounaise. 40% des PME camerounaises présentent par exemple la difficulté d’accès au financement comme principale obstacle à leur développement.

Mesdames et Messieurs,

Au Cameroun comme dans la plupart des pays d’Afrique au Sud du Sahara, les PME constituent l’essentiel du tissu économique. Cependant, cette place importante contraste avec leur performance économique. En effet, environs 98,5% des entreprises privées évoluant au Cameroun sont des PME et offrent près de 62% des emplois permanents. Seulement, on observe qu’elles n’apportent que 31% du chiffre d’affaires annuel hors taxe de l’ensemble des entreprises, soit 36% du PIB. Cette contreperformance exprime entre autre une insuffisance de la capacité productive des acteurs.

Les études sur le sujet pointent du doigt les difficultés d’accès au financement. En effet, 40% des PME camerounaises présentent la difficulté d’accès au financement comme principale obstacle à leur développement. Ce qui se traduit par une forte mortalité précoce de celles-ci. Environ 60% d’entre elles mettent la clé sous le paillasson avant l’âge de 5 ans. Les principaux obstacles sont liés aux conditions de crédit.

Il apparait que l’essentiel du financement, soit 80% des montants mobilisés, provient de l’épargne personnel des entrepreneurs et du soutien de leurs familles et proches. Il est également démontré que ce type de financement reste très utilisés dans les phases de démarrage d’activité. Le rapport de la Banque Centrale montre que la part de crédit à l’économie consacrée aux PME par les banques classiques reste très faible : moins de 16%. Quand bien même les PME bénéficient de crédits bancaires, ceux-ci sont majoritairement à court terme, soit 62% contre 36% à moyen terme et 2% à long terme. Ces chiffres montrent à suffisance que les PME camerounaises ne disposent pas de leviers de développement de leur activité.

Au sujet des conditions de ces crédits, les garanties demandées ainsi que les taux pratiqués sont de véritables barrières pour les petites PME. En effet, le crédit à court terme tourne au tour de 12% au cours des 3 dernières années contre 14% pour le crédit à moyen terme et 10% pour le crédit à long terme. Ces taux d’intérêt peuvent s’avérer rédhibitoires pour des PME en phase de lancement. Dans le même sens, les actifs souvent exigés en guise de garantie pour l’accès à ces crédits constituent également un obstacle infranchissable pour des jeunes entrepreneurs qui ont consacré leur épargne personnelle au lancement de leur activité.

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de partager avec vous mon expérience personnelle en matière de financement et de vous parler brièvement de l’entreprise que je dirige depuis 1998. En effet, cette année-là, J’ai créé Ets MIT, une entreprise individuelle localisée dans un bureau de 20 m² à Douala au Cameroun avec 02 employés dont moi-même, dans le but initial de produire artisanalement et de vendre des encres pour les petites unités industrielles. Dans l’incapacité de trouver le petit financement nécessaire, je me suis résolu à essayer différentes activités commerciales (ventes de téléphones, t-shirts publicitaires, meubles de bureaux, pièces détachées, formation en informatique, etc.) avec une seule motivation, trouver les moyens pour survivre.

Par la suite en 1999, notre entreprise individuelle devient ETS MIT Chimie en recentrant ses activités d’abord comme « Représentant-placier », puis 02 à 03 années plus tard distributeur d’une Société Française spécialisée dans la commercialisation en Afrique des intrants chimiques et matières plastiques.

En 2001, le petit établissement va se muer en société à responsabilité limitée au capital de 30 millions de Francs CFA : « MIT CHIME SARL ». A la faveur de la confiance qui se créée avec les différents partenaires (fournisseurs, banquiers, clients) l’entreprise croit assez rapidement. Les gammes et volumes de produits importés et distribués croissent et naturellement les effectifs aussi pour arriver à une vingtaine de collaborateurs.

En 2010, fort des bons résultats engrangés, de la confiance croissante de nos partenaires, de notre volonté de créer davantage de valeur ajoutée, nous décidons de nous lancer dans la production de préformes et bouteilles en PET pour nos clients embouteilleurs qui utilisaient encore des bouteilles issues d’une technologie ancienne et moins performante. C’est ainsi que nous acquérons une ancienne usine qui fabriquait des emballages en plastique et la modernisons et investissons dans les lignes de productions et soufflage de PET.

En 2014, constatant l’insuffisance d’une offre locale qualitative de transporteurs de marchandises, nous décidons de créer une autre entreprise baptisée MIT AFRICA avec pour ambition de desservir MIT CHIMIE et d’autres entreprises qui ont des besoins d’acheminer leurs produits au Cameroun et dans la sous-région CEMAC.

A la faveur d’un marché plus ouvert, plus grand, de l’avènement de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine, nous avons décidé il y a trois ans de rebâtir notre stratégie et de nous donner les moyens de conquérir un marché Africain plus vaste, plus exigeant en qualité, en compétitivité mais aussi en termes de respect de normes environnementales.

Actuellement, nous avons construit de nouveaux bâtiments qui respectent les normes internationales de sécurité des denrées, investi dans des lignes de production performantes et sommes en train de travailler dans la mise en place de normes IS0 9001, 14000 et 22000.

Notre petit groupe totalise emploie près de 300 employés, un CA de 12 milliards de FCFA et des investissements pour plus de 10 milliards de FCFA.

Notre ambition est de devenir à court terme un acteur Africain majeur écoresponsable  dans la production des emballages variés pour les différentes industries, mais aussi un champion régional dans la logistique et le transport.

Mesdames et Messieurs,

Au regard de notre expérience, nous pouvons nous rendre compte que pour parvenir aujourd’hui au stade actuel de nos activités nous sommes passés par plusieurs phases de financement de nos activités qui continuent d’exister ou plutôt de coexister dans notre pays en particulier :

–          L’épargne personnelle, de la famille, des amis qui nous a permis de démarrer dans les années 1998 ;

–          La tontine qui est un mode de financement informel basé sur la confiance mutuelle qui fonctionne très bien chez nous : club d’investisseurs et d’épargnants qui se regroupent tous les mois à la même date pour mettre en commun des fonds.

Avantages : Facilité d’accès, pas d’étude de dossier, (garantie=caution des membres) ;

             Inconvénients : Délai de remboursement entre 01 et 03 ans maximum et Capital limité.

–          Les établissements de Microfinance.

–          Les banques commerciales classiques avec les instruments classiques (découverts, escompte, CCT, CMT) ; pas de CLT.

–          Les Sociétés de crédit-bail qui depuis quelques années prennent de l’ampleur dans notre économie.

Voilà en quelques mots les différents modes de financement auxquels nous avons eu à faire face depuis que nous avons démarré nos investissements.

Mais comme vous le savez tous l’Afrique est un vaste chantier qui mérite beaucoup plus de financement pour son développement. Au Cameroun seulement le Ministère en charge de l’Economie a identifié cette année des projets de près de 90 mille milliards de CFA dans le cadre de sa stratégie nationale de développement 2020-2030.

Il y a du grain à moudre en termes de financement

Mesdames et Messieurs pour achever mon propos, je ne cacherai pas que nous sommes aussi venus ici pour rechercher des partenariats, des solutions de financements spécifiques pour accélérer nos investissements avec une ambition continentale.

Emmanuel Wafo, Manager | Industriel | P-D.G Mit Chimie | Président Club APM Ubuntu | Président de la commission Économique et du développement de l’entreprises GICAM

Rédaction
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