(BFI) – La banque française a affiché un deuxième trimestre 2023 bien meilleur que celui de 2022, avec notamment 900 millions d’euros de bénéfice net. Cette performance sur un an s’explique par les mauvais résultats du deuxième trimestre 2022, plombé par la vente de sa filiale russe Rosbank. Le directeur du groupe bancaire a toutefois rappelé que la hausse des taux directeurs en 2023 pèsera sur les résultats annuels.
C’est un soulagement pour les actionnaires. La Société Générale est revenue dans le vert au deuxième trimestre avec un bénéfice net de 900 millions d’euros, selon un communiqué publié jeudi 03 août 2023. Ces résultats, au-dessus des attentes, ont été bien accueillis, l’action prenant 2,5% à 24,60 euros vers 10h30, dans un marché parisien en baisse de 0,3%.
Le groupe bancaire revient cependant de loin puisqu’il avait affiché une perte comptable de 1,48 milliard d’euros au second trimestre 2022 (3,3 milliards d’euros avant impôts) liée à la vente contrainte de sa filiale russe Rosbank, une opération qui lui a coûté 3,2 milliards d’euros. Après cet épisode marquant, la banque avait retrouvé des couleurs en affichant un bénéfice net en légère hausse de 5,7% sur un an, à 868 millions d’euros, au premier trimestre 2023. Pour rappel, le résultat de la Société générale avait basculé dans le rouge en 2020, à cause de la pandémie de Covid-19 avant d’enregistrer un bénéfice net record de 5,6 milliards d’euros en 2021 puis d’être fortement impacté par la guerre en Ukraine avec la vente de Rosbank.
Ces bénéfices restent néanmoins à nuancer puisqu’en écartant l’impact de Rosbank, qui avait été classé comme « hors pôle » en 2022, toutes les divisions connaissent une érosion de leurs bénéfices. Outre la banque de détail en France, les métiers de banque de financement et d’investissement ont ainsi réalisé un bénéfice net de 638 millions d’euros, en baisse de 14%, dans « un environnement de marché moins favorable ». Quant au pôle de banque de détail à l’international, qui comprend également l’assurance et des services spécialisés comme le crédit-bail automobile, son bénéfice net a baissé de 14,6%, malgré des revenus en hausse de 6,3%. Cela s’explique par un bond des frais de gestion de près de 20%, lié à l’intégration de LeasePlan, dont l’acquisition pour 4,8 milliards d’euros a été finalisée en mai.
Des revenus plombés par la hausse des taux
Si les bénéfices remontent, le produit net bancaire, équivalent du chiffre d’affaires pour le secteur, a en revanche baissé de 8,9%, à environ 6,3 milliards d’euros. Le directeur général nommé fin mai, Slawomir Krupa, prévient ainsi ses investisseurs que 2023 pourrait être compliquée. Les revenus du deuxième trimestre « sont en repli sous l’effet de la baisse de la marge nette d’intérêt en France et de celle des revenus des activités de marché dans un contexte de normalisation progressive après des années particulièrement favorables », a-t-il commenté dans un communiqué.
Comme pour ses homologues françaises, la baisse de l’activité de Société Générale s’explique notamment par la hausse des taux d’intérêt. Sur la banque de détail en France, les revenus ont même baissé de 13,6% sur un an au deuxième trimestre, et les bénéfices de moitié, « malgré un solide niveau de commissions, une performance record de la Banque Privée et une forte hausse des revenus de Boursorama », précise le groupe.
Et pour cause, la hausse des taux d’intérêt oblige les banques à rémunérer davantage l’épargne. L’effet bénéfique de cette hausse – l’octroi de crédits à un taux plus élevé – est lui plus lent à se manifester pour les banques car seuls les nouveaux prêts accordés sont concernés.
Le plan de Slawomir Krupa pour faire remonter sa banque
Face au défi de la gestion d’une banque en période de hausse des taux, le nouveau directeur général doit présenter sa feuille de route stratégique le 18 septembre à Londres.
Mais la banque montre déjà un changement de stratégie dans ses provisions. Le coût du risque, c’est-à-dire les sommes provisionnées pour faire face aux éventuels impayés sur les crédits consentis, est ainsi en baisse de 23,5% sur un an au deuxième trimestre, à 166 millions d’euros. Le groupe a repris 38 millions de provisions sur les encours dits sains, c’est-à-dire ceux dont le risque d’impayé n’est pas matérialisé. En revanche, sur les encours douteux, qui regroupent des dossiers particuliers avec un risque identifié, Société Générale a provisionné 204 millions d’euros.
Si ce montant est dans la norme observée ces dernières années, il intervient dans un contexte où certaines banques ont dû provisionner des pertes liées aux difficultés du groupe Casino, loin d’être tiré d’affaire malgré un accord de principe avec ses repreneurs et ses créanciers-clés.