AccueilFinanceConjonctureComment les revenus futurs peuvent changer le difficile accès aux financements

Comment les revenus futurs peuvent changer le difficile accès aux financements

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(BFI) – Le 30 juin 2023 au Campus de l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC), scientifique, économistes et chercheurs ont échangé sur la théorie de l’infinitique inclusive, pensée économique africaine qui se positionne comme alternative à l’endettement.

Au lieu de continuer à s’endetter pour combler le gap de financement, un économiste africain suggère aux Etats du continent, de procéder différemment. La formule qu’il a mise au point en 2015 puise dans les mathématiques. Il s’agit de l’infinitique inclusive par actualisation des revenus futurs, présentée comme réponse à la pénurie de ressources actuelle, amplifiée par les crises comme la Covid 19 et le conflit russo-ukrainien. Cette solution porte l’estampille de Daniel Ngassiki, actuel Ambassadeur de la République du Congo au Cameroun et ancien secrétaire général de la banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) de 2010 à 2016. C’est dans un cadre purement universitaire que cet ancien banquier central a de nouveau exposé les contours de sa pensée économique le 30 juin dernier à Yaoundé. Occasion offerte par le Comité national économique et financier (Cnef) qui a choisi de débattre sur ce thème pour sa première journée scientifique sur la pensée économique Africaine.

Penser l’Etat comme une entreprise

Le concept de l’infinitique inclusive repose sur deux hypothèses. D’abord, il faudra considérer l’Etat comme une entreprise, une société anonyme, dont les actionnaires seraient ses propres citoyens. Ensuite, recalculer la valeur financière (capital) de cette entreprise Etat, en tenant compte non pas uniquement ses avoirs ordinaires déjà connus, mais également la richesse qu’il pourra générer dans le futur. Ainsi chaque citoyen actionnaire pourrait donc intégrer dans son patrimoine en plus de ses avoirs actuels, cet actif donc la valeur financière tend vers l’infini. « Nous proposons la création, l’émission et la distribution à tous les citoyens et la commercialisation sur le marché financier, des actions de l’Etats sans droit de vote, dites actions souveraines de préférences » explique Daniel Ngassiki.

Sa formule remet aussi en cause la définition de la pauvreté. « L’infinitique inclusive commande que pour nous Africains, si on veut considérer qu’on est riche, il faut tenir compte de ce que l’Afrique ou les Africains peuvent gagner dans le futur, ou de ce que l’Etat peut gagner dans le futur. Quand on voit les choses de cette façon, on se rend compte qu’on est riche, à condition qu’il y ait une certaine politique qui fasse en sorte que les Etats puissent éviter de s’endetter à des taux d’intérêt supérieur à leur taux de croissance », a-t-il ajouté. L’auteur convoque le modèle américain où les étudiants financent leurs études grâce à des prêts octroyés en prévision de leurs gains futurs. Soit 43 millions de débiteurs pour un volume de 1 600 milliards de dollars (environ 96 000 milliards de Fcfa) selon le journal les Echos. En finance, on peut vous payer aujourd’hui une partie de ce que vous gagnerai dans 10 ans. Quand on est devant quelqu’un pour évaluer sa richesse, on regarde son futur », complète l’économiste. Autre illustration, le modèle de calcul de la richesse des personnes considérés aujourd’hui comme étant les plus riches au monde. Il est fortement corrélé à la valeur de ses actifs, titres de propriétés qu’il détient dans les entreprises.

L’équation de la redistribution de la richesse

Les échanges tenus à l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) ont mis en relief certaines contraintes à la concrétisation de cette théorie. Elle porte notamment sur l’acquisition des actions et la capacité des citoyens à les acheter. D’aucuns ont interrogé la nature du marché financier où les dite actions seraient commercialisées. Ensuite vient l’équation de la redistribution de la richesse c’est-à-dire, des dividendes. S’il est possible de créer mathématiquement ces revenus, il s’avère difficile, voire impossible, pour certains, de redistribuer ces richesses suivants le même principe. Par ailleurs, ce modèle de financement pourrait amplifier le risque souverain et le risque de défaut de paiement pour les Etats. Des points perfectibles sur lesquels les scientifiques devraient travailler. C’est une main tendue à la communauté universitaire qui devrait se saisir de cette théorie pour l’enrichir, le rendre plus solide et en faire une véritable pensée économique authentiquement africaine, avec une possibilité d’offrir un nouveau mode de financement pour nos pays », a déclaré Pierre Emmanuel Nkoah Ayissi, secrétaire général du Cnef. En effet, au-delà des points de désaccord formulés, la pensée économique de l’infinitique inclusive a déjà le mérite d’exister et de combler le vide en terme de solution innovantes africaines aux problèmes rencontrés sur le continent.

Rédaction
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