(BFI) – A la faveur de l’ordonnance présidentielle signé le 2 juin dernier, le budget de l’Etat du Cameroun pour l’exercice 2023 connait une hausse de l’ordre de 381,8 milliards de Fcfa. La loi de finances promulgué le 27 décembre 2022, revue, s’équilibre désormais en ressources et en emplois à 6 726,9 milliards de Fcfa. Soit 6642,5 milliards de Fcfa au titre du budget général et 84,4 milliards de Fcfa pour les fonds d’affectation spéciale. La loi de finances initial avait prévu 6345,1 milliards de Fcfa. Il y a de cela quelques semaines, nous annoncions déjà l’éventualité d’un collectif budgétaire au lendemain de la 4e revue des experts du FMI, conduite du 4 au 17 mai dernier, dans le cadre du programme économique et financier avec le Cameroun. Lequel programme est d’abord adossé à la facilité élargie de crédit et au mécanisme élargi de crédit. Les faits nous donnent raison aujourd’hui. Le chef de l’Etat du a choisi la voie de l’ordonnance pour revoir le budget de l’Etat du Cameroun. Dans la suite logique de réforme en cours, un décaissement de l’ordre de 44,7 milliards de Fcfa est d’ailleurs attendu du FMI au mois de juin courant, pour soutenir les performances économiques du Cameroun.
On peut dire que le Cameroun s’adapte à la conjoncture économique. Les indicateurs macro-économiques présageaient d’un ajustement budgétaire. Du fait des aléas et contraintes exogènes et endogènes, l’environnement économique a considérablement changé au lendemain de la promulgation de la loi de finances le 27 décembre dernier. Les pouvoirs publics ont procédé au relèvement des tarifs des produits pétroliers dès le 1er février 2023, rendant ainsi caduque toutes les prévisions de recettes pétrolières attendues. La réduction de la subvention de l’Etat qui en résultait et la revalorisation des salaires des agents publics de l’Etat ont chamboulé l’exécution normal du budget initial. Autres contraintes et exigences prises en compte ; les difficultés de l’Etat à mobiliser les ressources financières sur le marché monétaire pour financier ses projets de développement, la réduction du niveau de déficit budgétaire global de l’Etat (autour de 1%)…
Que retenir de cet ajustement ? les premières leçons à tirer de ce collectif budgétaire indiquent clairement que le Cameroun n’a pas sacrifié ses ambitions de croissance. Au contraire, il maintient le cap pour accroitre la richesse nationale autour de 4% en 2023, en adoptant la rigueur budgétaire. Même si certains économistes estiment que la croissance du Cameroun est tirée depuis quelques années par l’ajustement structurel, sous la houlette du FMI. Et donc qu’elle est une croissance des pauvres. Il faut revoir l’approche. L’augmentation de la production d’une année à une autre n’étant pas véritablement significative. Il faudra multiplier les petites unités de production à travers le pays pour parvenir à produire plus, transformer localement nos matières premières et produits agricoles, développer les chaines de valeurs dans les secteurs clés… Toutefois le Cameroun est déterminé à respecter ses engagements et à maintenir ses priorités. Du fait de l’insécurité, la reconstruction des régions économiquement sinistrées tel que le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et l’Extrême-Nord bénéficie d’une attention particulière. L’enveloppe initiale consacrée à cette ligne est revalorisée, passant ainsi de 15 milliards de Fcfa à 29,1 milliards de Fcfa. Elle a pratiquement doublé. Le train de mesure visant à réduire les dépenses publiques va renforcer la discipline budgétaire et la gouvernance financière. De même que la création d’un fonds pour l’emploi des jeunes, pris en compte dans la nouvelle proposition, pourra contribuer à la relance de l’économie du pays.