(BFI) – Dans son dernier rapport mensuel publié ce jeudi 11 mai, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) estime que la demande mondiale de pétrole atteindra en moyenne 101,9 millions de barils par jour en 2023. Pour autant, la stratégie des pays membres est plutôt la réduction de la production. Le but: garder un prix du brut élevé. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis comptent en profiter pour investir dans d’autres secteurs.
Il semble qu’il va falloir s’habituer à payer le pétrole au prix fort. En effet, le 2 avril dernier, sous l’égide de l’Arabie saoudite, les principaux pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, au premier rang la Russie (Opep+, 23 membres au total), qui contrôlent ensemble plus de 30% de la production mondiale, ont annoncé qu’ils allaient baisser leur production de plus de 1 million de barils par jour. Un tour de vis qui s’ajoute à la baisse, déjà décidée en octobre dernier, de 2 millions de barils par jour.
Au total, ces restrictions correspondent à plus de 3% de la demande mondiale. La Russie suit cette ligne, même si ses volumes sont hors radars depuis que, sous embargo de l’Occident, elle a réorienté ses ventes vers la Turquie, l’Inde, la Chine, à des prix au moins 25% inférieurs à ceux du marché.
Une ligne commune tenue
Ce n’est pas la première fois que l’Opep prend des décisions de restriction volontaire pour faire remonter les prix. Mais ce qui est nouveau, c’est que le cartel tient, alors qu’auparavant certains pays finissaient toujours par tricher et produire plus. Après un bond spectaculaire, le prix du baril s’est replié en raison de craintes de récession mondiale. Mais l’Opep entend défendre un cours de 80 dollars, quitte à restreindre encore l’offre, face à une demande mondiale au ralenti dans un contexte de croissance faible des deux côtés de l’Atlantique. Selon le dernier rapport mensuel de l’Opep publié ce jeudi 11 mai, la demande devrait croître de 4,21% en 2023 (par rapport à 2022), mais portée principalement par les pays non-membres de l’OCDE.
Dans cette nouvelle configuration, les Etats-Unis, exportateurs nets de pétrole et de gaz grâce à l’exploitation du schiste, ressortent gagnants, contrairement aux grands importateurs comme l’Union européenne, qui va devoir s’accommoder d’une inflation persistante… mais est ainsi poussée à encore accélérer dans les énergies renouvelables.
Un match à domicile
Pourquoi cette nouvelle discipline au sein de l’Opep ? Parce que ses leaders, les dignitaires d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, veulent tirer le maximum de leur manne pétrolière afin de financer leurs grands projets de reconversion pour l’après-pétrole. Ainsi, les pétrodollars du Golfe ne sont plus placés dans les bons du Trésor américain ou l’immobilier londonien, ils servent désormais à investir massivement à domicile, dans la transition énergétique et la diversification de l’économie.
Avec des conséquences sur l’équilibre financier international: les Etats-Unis vont avoir plus de mal à financer leur déficit extérieur, alors que les grands exportateurs de biens d’équipement industriels, la Chine, la Corée du Sud, l’Allemagne, tirent parti des nouvelles ambitions des monarchies pétrolières.
Félix Victor Dévaloix