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Pourquoi le Gabon a fait le choix du gaz

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(BFI) – Une bonne dynamique du marché, une coopération régionale favorable et des besoins accrus en énergie durable, y compris sur son marché domestique. Autant d’éléments qui motivent le Gabon à miser sur l’exploration, la production et la monétisation du gaz naturel.

Un protocole d’accord a été signé, le 6 avril 2023, entre l’État gabonais, Perenco et Gabon Power Company, en vue de la création d’une centrale électrique de 21 MW alimentée au gaz. Perenco aura la charge de construire le gazoduc et les équipements nécessaires entre les champs pétroliers offshore qu’exploite la compagnie pétrolière, jusqu’à la centrale thermique, située dans la localité de Mayumba.

Cet investissement, de l’ordre de 75 milliards de F.CFA (114 millions d’euros), confirme la stratégie du Gabon dans le gaz. En effet, outre à des fins d’exportation, le pays se dote, par ce type d’initiatives, d’un « mix énergie » majoritairement renouvelable et peu émetteur de carbone. 

« Géant pétrolier de longue date de l’Afrique subsaharienne, le Gabon exploite son potentiel en tant que producteur de gaz naturel émerge avec des plans revitalisés pour une croissance durable et axée sur l’énergie », résume une note de Energy Capital & Power (EC&P). Jusqu’à présent, la dépendance à l’égard d’importantes réserves de pétrole à faible teneur en soufre, facilement accessibles, a freiné le développement d’autres sources d’énergie dans le pays. Toutefois, la production de pétrole et les recettes publiques étant en baisse, l’attention se tourne vers le potentiel inexploité du gaz naturel, dont le Gabon détiendrait entre trois et cinq trillions de pieds cubes. Cette industrie peut faire progresser la coopération régionale, atténuer l’insécurité énergétique et réduire les émissions de carbone.

La diversification de l’économie gabonaise a pris plus d’une décennie. Soutenu par les Nations unies, le Plan stratégique « Gabon émergent » a été lancé en 2009. Il visait à soutenir une croissance économique durable tout en préservant l’environnement, en partie grâce à l’adoption de combustibles propres tels que le gaz naturel. La Banque mondiale a notamment salué le Gabon comme l’un des rares pays de la région à s’être manifestement engagé à préserver la biodiversité et à prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique. Le plan identifiait le gaz naturel et les industries à valeur ajoutée qui lui sont associées comme des secteurs stratégiques pour une croissance économique durable, et visait à porter la production à 220 000 pieds cubes par jour d’ici à 2020.

Des insuffisances à combler

« Bien que cet objectif initial n’ait pas été atteint, l’ampleur de son ambition témoigne de la volonté du pays de transformer son industrie énergétique, avec des implications qui s’étendent bien au-delà de ses frontières », explique EC&P.

Le Gabon détient actuellement 1,2 trillion de pieds cubes de réserves prouvées de gaz naturel, dont la majorité est située au large de la côte Atlantique du pays. La production nationale de gaz s’est arrêtée à environ 70 milliards de pieds cubes en 2021, en grande partie à cause du gaspillage, de l’insuffisance des infrastructures et du manque d’expertise technique pour travailler dans l’environnement difficile des eaux profondes du Gabon, où se trouve la majorité des gisements de pétrole et de gaz associés du pays.

Le plan directeur gazier du pays vise à remédier à ces insuffisances en réduisant le torchage du gaz, en attirant de nouveaux investissements et en améliorant la fiabilité et la portée de l’infrastructure gazière nationale.

En 2019, le pays a adopté un nouveau cadre juridique dans le but d’attirer les investissements axés sur le gaz, et une autorité de régulation du secteur des hydrocarbures a été créée pour offrir un guichet unique aux investisseurs. La libéralisation des réglementations sectorielles qui en a résulté a été complétée par des cycles d’octroi de licences visant à octroyer des droits d’exploration en mer pour la première fois depuis 2014. Parallèlement, des investissements sont consacrés au développement de l’infrastructure du GNL (gaz naturel liquéfié) et à l’amélioration de la distribution grâce à la construction de nouveaux gazoducs et d’installations de traitement. En février 2023, Perenco a confirmé son intention d’investir 617 milliards de F.CFA (940 millions d’euros) dans le pays pour le seul GNL.  

L’augmentation de la capacité de liquéfaction domestique reste une priorité pour le Gabon, ainsi que l’augmentation de l’utilisation du gaz de pétrole liquéfié au niveau local. Une Task Force présidentielle dédiée au gaz a été réunie en 2021 afin de superviser le développement du secteur et de sensibiliser les investisseurs.

Tout en mettant l’accent sur l’utilisation du gaz naturel pour la consommation domestique, le plan directeur pour le gaz vise également à tirer parti de la monétisation du gaz comme moyen de commerce régional de l’énergie. À cette fin, les autorités gabonaises sont en liaison avec leurs homologues de Guinée équatoriale pour le développement du Méga Hub régional du gaz. Cependant, de telles aspirations ne sont pas sans poser de problèmes. Le développement de l’infrastructure du gaz naturel nécessite un soutien international considérable, sous forme d’investissements et d’exécution technique. Les plans de développement durable doivent tenir compte des capacités nationales, le cadre politique devant trouver un équilibre délicat entre l’ambition et les limites pratiques.

New African

Rédaction
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