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Le Cameroun affiche un risque élevé de surendettement extérieur

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(BFI) – Sur la période de 13 ans allant de 2009 à 2022, l’enveloppe de la dette publique du Cameroun a explosé, passant de 1904 milliards de FCFA à 11 216 milliards de FCFA. Calculette en main, la dette publique a connu une hausse de 9 312 milliards de FCFA en 13 ans, soit une augmentation de 489% revèle Investir au Cameroun. En d’autres termes, au cours de la période analysée, le Cameroun a multiplié le stock de sa dette pratiquement par six. Mais grâce à une augmentation constante du PIB au cours de la période, le taux d’endettement a seulement été multiplié par 2,5, passant de 16,3% à 40,5% du PIB.

Ces données ont été révélées par la Caisse autonome d’amortissement (CAA), le gestionnaire de la dette publique, le 16 février 2023 à Douala, la capitale économique du pays. C’était au cours de la présentation aux investisseurs du programme de financement 2023 de l’État par le ministre des Finances, Louis Paul Motazé. Selon la CAA, plusieurs raisons expliquent cette augmentation plutôt exponentielle.

Il s’agit des « décaissements liés à la réalisation des projets divers inscrits dans le DSCE (Document de stratégie pour la croissance et l’emploi) et la SND30 (la Stratégie nationale de développement 2020-2030) ; des tirages sur les appuis budgétaires obtenus dans le cadre des PEF (programmes économiques et financiers) avec le FMI ; des tirages sur les Droits de tirages spéciaux (DTS) du FMI ; de la structuration de certaines dettes intérieures vis-à-vis des entreprises publiques et privées, à travers des conventions de dettes croisées et de cessions des créances… ».

Parmi les vecteurs de l’augmentation de la dette publique camerounaise, la CAA cite également « le recours aux émissions des titres publics pour le financement du budget de l’État et la variation des taux de change considérant la répartition en devise du portefeuille de la dette extérieure où environ 46,3% est assujetti aux fluctuations de change (dont 22,1% est soumis aux variations du dollar US) ». En ce qui concerne le recours aux émissions de titres publics (obligations du Trésor et bons du Trésor), les statistiques de la direction générale du Trésor du ministère des Finances révèlent par exemple que sur la période 2010-2022, le Cameroun a mobilisé, sur le marché des titres public de la Beac et sur le marché financier, une enveloppe totale de dettes d’un montant de 4 940,9 milliards de FCFA.  

Un risque de surendettement extérieur

Pour ce qui est de l’influence qu’exercent les variations du taux de change sur la dette publique du pays, les données de la CAA révèlent, par exemple, qu’entre juin 2021 et juin 2022, les différentes variations à la hausse du taux de change du FCFA par rapport au dollar américain ont provoqué une augmentation de 420 milliards de FCFA (+11,2%) de l’encours de la dette publique camerounaise. En septembre 2022, cette augmentation de l’enveloppe en raison de la variation du taux de change était de 573 milliards de FCFA, en glissement annuel.

Malgré ce lourd endettement du pays, soutient la CAA, « les résultats de l’analyse de viabilité, mis à jour au deuxième semestre 2022, montrent que la dette publique du Cameroun reste viable (en dessous des 70% du PIB admis par les critères de surveillance multilatérale de la Cemac, NDLR), avec un risque de surendettement extérieur élevé (…) ». Afin de pouvoir ramener ce niveau de risque à un niveau faible, le gestionnaire de la dette publique édicte plusieurs mesures.

Il s’agit, entre autres mesures, de l’amélioration de la capacité d’absorption des ressources d’emprunts-projets, via l’accélération des réformes économiques et financières visant le renforcement de la responsabilité des unités d’exécution de projets, en établissant les cahiers de charge et en étudiant la possibilité de lier la rémunération à la performance tel que formulé par le FMI ; du renforcement de l’encadrement et du suivi de la dette des entreprises publiques ; de la poursuite de la politique d’approfondissement du marché domestique ; de l’amélioration des politiques visant l’import-substitution et l’augmentation des recettes d’exportations, etc.

Rédaction
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