(BFI) – Au bout d’un an de discussions entre les parties et les autorités en charge des questions réglementaires et de la concurrence en Europe, le groupe français Bolloré devrait officiellement signer ce 21 décembre 2022, l’accord définitif de cession de ses actifs dans la logistique et le transport en Afrique, au groupe italo-suisse MSC.
« Toutes les autorités réglementaires et de la concurrence ayant donné leur feu vert fin novembre, l’opération a pu être bouclée avec trois mois d’avance sur le calendrier prévu : les deux groupes doivent parapher, mercredi 21 décembre, une opération d’un montant de plus de 5 milliards d’euros (soit 3 280 milliards de FCFA), un an après leur accord d’exclusivité », révèle le quotidien français Le Monde.
Au Cameroun, la conséquence directe de la validation et la finalisation de cet accord de cession des actifs, pour environ 3 280 milliards de FCFA, soit plus de la moitié du budget de l’État du Cameroun pour l’année 2023, est la prise de contrôle par MSC de quatre sociétés qui appartenaient jusqu’ici au groupe Bolloré. Il s’agit de la Cameroon Railways (Camrail), le concessionnaire du chemin de fer dans le pays ; Kribi Conteneurs Terminal (KCT), co-entreprise formée avec le Chinois CHEC et le Français CMA CGM pour gérer la concession du terminal à conteneurs du port en eau profonde de Kribi ; Terminal bois du port de Douala (TBPD), qui a récemment repris le patrimoine de la Société d’exploitation des parcs à bois du Cameroun (SEPBC) et obtenu une concession de 15 ans ; et du logisticien Bolloré Transport & Logistics Cameroun (BTL).
En principe, le désengagement du groupe Bolloré du secteur de la logistique et du Transport en Afrique, en général, et au Cameroun, en particulier, devrait se faire en douce. Notamment sans les grincements de dents des employés, qui ont souvent émaillé plusieurs opérations similaires sur le continent. « Nous allons conserver les effectifs ainsi que le management tel qu’il existe aujourd’hui, ce dernier devant juste rendre compte à un nouvel actionnaire qui s’appellera dorénavant Aponte et non plus Bolloré. Une nouvelle marque va voir le jour à court terme, avec un nouveau logo qu’il est encore trop tôt pour divulguer », avait rassuré Diego Aponte, président du groupe MSC, dans une interview accordée à Jeune Afrique et publiée le 30 mai 2022.
L’affaire du terminal à conteneurs du port de Douala
Pour le patron de MSC, la stratégie à déployer après le rachat des actifs africains du milliardaire breton ne consistera pas à « intégrer BAL (Bolloré Africa Logistics) dans MSC », mais plutôt à « trouver les synergies à mettre en place avec (les) filiales pour éviter les doublons et les surinvestissements sur certaines installations ». Bref, pour M. Aponte, tous les actifs de Bolloré en Afrique, dont ceux du Cameroun, sont intéressants pour la stratégie de développement de MSC sur le continent. « Tout nous intéresse, même les concessions dont le potentiel peut sembler limité. Nous essayerons de relancer les terminaux qui fonctionnent moins bien en faisant tout ce qui est en notre pouvoir pour leur apporter davantage de volumes grâce à nos lignes maritimes. En disposant d’un réseau portuaire et terrestre de premier plan à travers le continent, nous pourrons intensifier notre présence maritime et donc renforcer la connectivité de l’Afrique avec le reste du monde », explique-t-il.
L’un des éléments clés de cette connectivité de l’Afrique avec le monde, que veut renforcer le groupe MSC, est certainement le terminal à conteneurs du port de Douala, qui a été concédé en 2019 à sa filiale Terminal Investment Limited (TIL), au terme d’un processus dénoncé par l’ancien concessionnaire, qui n’est autre que le duo Bolloré-Maersk. Du coup, depuis 3 ans, en raison d’un contentieux judiciaire qui s’éternise, TIL ne parvient toujours pas à opérer ce terminal.
« Quant au dossier de Douala, il y a une réalité qui s’impose : celle d’avoir gagné l’appel d’offres en 2020 (c’était plutôt en septembre 2019, NDLR), alors qu’aujourd’hui nous ne disposons toujours pas des clés du terminal. J’espère que la reprise de BAL va nous donner l’occasion de discuter avec les autorités portuaires de Douala, pour qu’elles honorent leur partie du contrat et que notre filiale, Terminal Investment Limited, puisse rapidement reprendre la gestion des quais qui lui revient… », espère M. Aponte.