(BFI) – Passionnée par l’intégration commerciale du continent qu’elle sillonne pour encourager les parties prenantes à se lancer dans le commerce intra-Africain, elle présente les opportunités offertes aux états Africains et aux opérateurs économiques par le développement de la Zone de Libre-échange Continentale Africaine (ZLeCAF).
Que peuvent véritablement offrir les pays africains dans le cadre de la Zone de Libre-échange continentale Africaine (Zlecaf)?
Dans chacun des pays, il y a tellement de produits qu’on peut faire découvrir au reste de l’Afrique. Vous avez aussi la possibilité de transformer ces produits. La Zone de Libre Echange Continentale Africaine
(Zlecaf) c’est aussi cela. Met tre sur pied des chaines de valeurs qui vont au-delà des matières premières telles que le cacao- café que nous avons tout le temps exporté vers les marchés hors d’Afrique. C’est une opportunité pour les États africains de pouvoir valoriser leurs paniers de produits et de pouvoir faire connaitre certains produits. Le litchi par exemple c’est très important. Comment le positionner au-delà de Madagascar et au-delà de l’Océan indien et faire de sorte qu’un égyptien puisse par exemple avoir envie du litchi de Madagascar ? C’est très important. Cela va non seulement permettre d’accroitre les exportations intra-africaine, mais aussi de faire tourner l’économie. De donner à ces entreprises qui transforment, la possibilité de recruter plus de main d’œuvre et c’est bon pour l’économie.
Vous semblez encourager les Etats Africains à se focaliser sur le secteur des services…
Non, les pays sont souverains dans leurs choix. Ils prennent leurs décisions dans le cadre des plans nationaux de développement qu’ils élaborent. Nous sommes là pour encourager les pays dans la mise en œuvre des décisions prises. Cependant nous pensons qu’au jourd’hui, les services sont un secteur incontournable. Les pays nordiques parlent de la servicification des économies. Même dans l’agriculture, il y a le coté service. Nous pensons que même dans les chaines de valeur agricole pour la transformation de la mangue en confiture, il y a les services de conception. Il faut d’abord concevoir le nouveau produit et ensuite faire le marketing de ce produit. Tout cela ce sont des services. Ce que nous disons c’est qu’il ne faut pas rester sur les produits de base, il faut aller vers de nouveaux produits. Il faut aussi encourager la conception, la recherche et le développement pour pouvoir satisfaire les gouts du consommateur africain. En Afrique aujourd’hui nous avons une classe émergente moyenne qui a un certain pouvoir d’achat. Il y a quand même un espace pour pouvoir venir avec des produits qui peuvent satisfaire cette classe moyenne. Il ne faut pas aussi oublier les populations qui sont en milieu rural. On peut aussi transformer des produits qui peuvent participer à la sécurité alimentaire dans ces zones vulnérables. Des pays comme le Cameroun qui ont un important potentiel en matière d’agriculture et qui ont également un potentiel pour développer certaines activités de services compte tenu tenus de la spécificité du pays, la Zlecaf dans ce sens est une opportunité pour accroitre le commerce des biens et des services.
« …Mettre sur pied des chaines de valeurs qui vont au-delà des matières cacao-café que nous avons tout le temps exporté vers les marchés hors d’Afrique. C’est une opportunité pour les états Africains de pouvoir valoriser leurs paniers de produits et de pouvoir faire connaitre certains produits… »
Sur le plan continental, quels sont les derniers obstacles au bon fonctionnement de la Zlecaf ?
Je dirai que la première chose c’est la circulation de l’information sur l’accord. Je pense que vous les journalistes vous avez un grand rôle à jouer pour informer, sensibiliser et impliquer le secteur privé. Et au-delà du secteur privé, la société civile africaine. Ensuite il y a tous les obstacles cités régulièrement, notamment les obstacles logistiques : le transport aérien, maritime, routier etc. Cependant on ne va pas attendre que toutes les infrastructures du commerce puissent se développer davantage pour commencer les échanges. Ce qu’il faut c’est, d’abord, informer le secteur privé par rapport aux opportunités de marché, puis amener ces acteurs du privé à mieux se renseigner et à connaitre les opportunités qui existent sur le marché africain. En même temps, les pays doivent travailler à améliorer l’environnement des affaires. Ça veut dire inciter les institutions financières, pas seulement les institutions de microfinance, à pouvoir accompagner les entreprises qui veulent accéder aux opportunités de marché dans la Zlecaf. Aider ces entreprises ambitieuses à avoir les financements requis pour pouvoir soutenir leur production et leurs transformations et les accompagner dans la commercialisation. Parce que cela implique aussi l’organisation des missions de prospection commerciale. C’est aussi le problème de la digitalisation. L’utilisation des technologies de l’information et de la communication au service du commerce. En bref, mettre en place un dispositif juridique et réglementaire qui est favorables aux transactions intra africaine.
Comment lever ces handicaps ? Toute l’Afrique a besoin de booster la chaine logistique. Il faut travailler sur le stockage, le conditionnement. Il faut pouvoir mettre en place des équipements pour la transformation, mais des équipements qui soient adaptés au contexte local. Pas besoin d’aller acheter des équipements trop sophis tiqués qui pourront poser des problèmes de maintenance par la suite. Utiliser des équipements qui fonctionnent avec de l’énergie solaire. Dans le domaine de l’horticulture, le Sénégal a un panier de produit intéressant à la fois pour le marché domestique et pour le marché africain. Si vous améliorer la qualité de vos produits pour le marché africain, il n’y a pas de raisons que vous ne trouvez pas de débouchés sur le marché international.
Comment structurer la cohabitation entre la Zlecaf et les communautés économiques régionales ?
Les communautés économiques régionales sont le fondement. On part de l’existant comme on l’a dit par exemple dans certaines communautés économiques des Etats de l’Afrique de l’Est ou de l’Ouest, on a déjà des minis Zlecaf. Inspirons-nous de ce qui marche pour le porter au niveau continental. Ces communautés ont un certain nombre d’acquis et de réalisation, qui serait bon d’analyser et transporter au niveau continental.
Pour un pays comme le Cameroun quelles sont les opportunités que vous entrevoyez ?
Au Cameroun actuellement on parle beaucoup de l’impact de la crise ukrainienne sur l’alimentation du continent africain. Au Cameroun vous avez le manioc. Le manioc est un produit qui a tellement de déclinaison, tellement d’opportunités de créer de la valeur ajoutée. Le manioc est un produit qui aujourd’hui pourrait être utilisé pour se substituer au blé. Pour créer par exemple du pain. Je l’ai dit tout à l’heure au sujet de Madagascar qu’il faut faire évoluer les gouts du consommateur africain. Le Cameroun a aussi le poivre de Penja, le cacao. Le Cameroun fait par tie aujourd’hui avec la Cote d’Ivoire et le Ghana, de ces pays qui sont entrain de transformer le cacao sur place, de créer de la valeur ajoutée sur place, de monter en gamme. Le Cameroun aura ainsi la possibilité de vendre son cacao à l’Afrique. Ça pourrait être formidable. Le Cameroun sera ainsi spécialisé sur un produit à forte valeur ajoutée et suffisamment rémunérateur pour les entreprises productrices. Donc vous voyez vous avez une formidable opportunité avec la Zlecaf. Il faut trou ver ces produits, il faut encourager la transformation locale, qui va permettre d’accroitre le chiffre d’affaire des entreprises et des entrepreneurs et bien évidemment de booster l’emploi ou l’en