(BFI) – A l’occasion de la présentation du programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour l’exercice 2023 à l’Assemblée nationale, le 19 novembre dernier, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a annoncé la reprise du projet de Télévision numérique terrestre (TNT) au Cameroun.
« Dans le domaine de la communication, le gouvernement va s’atteler à […] la relance du projet de démarrage de la TNT dans le cadre d’une gestion intégrée. Il sera également question de redimensionner ce projet et, surtout, de rechercher les financements nécessaires à sa mise en œuvre », a déclaré le Premier ministre.
Le Cameroun prévoit donc de ressusciter ce projet mis en route depuis 2014. En effet, dès octobre de cette année, l’ex-ministre de la Communication (Mincom), Issa Tchiroma Bakary, avait lancé à Yaoundé, la campagne nationale de sensibilisation et d’information sur le passage vers la télévision terrestre numérique. Le membre du gouvernement avait même prévenu que les ménages utilisant les téléviseurs avec tube cathodique devaient les échanger contre des appareils modernes, ou alors utiliser des décodeurs spéciaux.
Le 21 novembre 2014, la société chinoise StarTimes Ltd est désignée adjudicataire du marché pour la réhabilitation technique de la Cameroon Radio and Television. D’un montant total de 110 milliards de FCFA, ce projet devait permettre à la télévision publique de passer de l’analogie au numérique. Le volet commercial du signal numérique TV est donc lancé, en attendant celui de la CRTV réhabilitée qui doit par ailleurs héberger les équipements nécessaires au basculement vers la TNT. Au passage, un échantillon de 1000 ménages avait été choisi pour débuter les tests. « Au terme de cette phase technique, des décodeurs seront mis en vente à un prix suffisamment accessible [15 000 FCFA] aux populations », avait déclaré Issa Tchiroma.
Projet en mode ralenti
Trois années plus tard, Issa Tchiroma Bakary va créer, le 18 octobre 2017, un comité ad hoc afférent au basculement vers la TNT. Dans le détail, l’ex-Mincom explique que ce comité est chargé de la densification et de la diversification du bouquet numérique dans une perspective attractive et marchande. Le comité ad hoc devait par ailleurs rechercher les formules les mieux appropriées pour un accès équitable du public au bouquet. Bien plus, il était question de négocier des partenariats divers pour l’acquisition des terminaux numériques. Enfin, le comité devait élaborer une plateforme d’actions destinée à l’exploitation du bouquet numérique de la CRTV. Mais depuis lors, le projet patine.
En effet, selon le rapport 2019 de la Commission technique de réhabilitation (CTR) des établissements et entreprises publiques au Cameroun, la CRTV rencontre des difficultés dans le projet de basculement de l’analogique vers le numérique. Comme solutions aux défis rencontrés par l’organe audiovisuel public, la CTR indique que le phasage dudit projet devrait avoir comme première étape un financement des équipements évalués à 40 milliards de FCFA. Il devrait permettre le basculement au numérique et l’activation du volet commercial des décodeurs pour « générer des ressources permettant de rembourser le prêt contracté ». Mais, à ce jour, ces ressources restent attendues.
Pour sa part, le rapport 2022 de GSMA assure que malgré les mesures prises pour faire avancer la migration numérique, celle-ci semble actuellement ralentie. Car, la migration a rencontré des difficultés en raison de contraintes financières et des difficultés à négocier avec StarTimes. Par conséquent, rendu à juillet 2022, le Cameroun reste dans la phase de simulation et n’a pas de date limite définie pour la TNT. Cependant, précise ce rapport, le Cameroun a réussi à réaffecter des parties des fréquences du projet de TNT aux principaux opérateurs de téléphonie mobile que sont MTN, Orange en 2015 et Camtel en 2019. Chaque opérateur a reçu 30 MHz de spectre, le reste du spectre étant placé en réserve pour une utilisation future.