(BFI) – Le directeur général de la Banque africaine de développement pour l’Afrique centrale, Serge N’Guessan, a conduit une mission de dialogue avec le secteur privé camerounais du 24 au 30 septembre 2022, à Douala. Le 28 et le 29 septembre, la mission a rencontré des femmes entrepreneures, leurs structures professionnelles et les institutions financières partenaires de l’initiative de la Banque, « Affirmative Finance Action for Women in Africa » (AFAWA, Initiative pour faciliter l’accès des femmes aux finances en Afrique, en français). Objectif : établir un dialogue constructif entre les femmes entrepreneures et les institutions financières au Cameroun, afin de stimuler le développement de l’entrepreneuriat féminin dans le pays.
« C’était une très belle opportunité parce que ces rencontres nous ont permis de toucher du doigt les blocages qui existent entre les banques et nous, femmes cheffes d’entreprises », a déclaré Michèle Kepeden Lewat, directrice générale de Business Trade Cameroon SARL, une entreprise commerciale spécialisée dans la distribution d’équipements de protection individuelle aux industriels et dans d’autres solutions de sécurité au travail, dont la détection et l’analyse de gaz, la défense contre les incendies, le levage et la manutention, les vannes et la robinetterie, ainsi que les servomoteurs.
Deux partenaires d’AFAWA au Cameroun, PRO-PME Financement S.A, une institution financière spécialisée dans les crédits aux petites et moyennes entreprises, et la banque panafricaine Ecobank, ont été visitées. « Au-delà de la garantie, qui est une contrainte majeure pour les femmes entrepreneures, il y a un problème de sécurisation des fonds et de tenue des états financiers, qui ne permet pas aux institutions financières comme la nôtre de bien évaluer la solvabilité des femmes entrepreneures qui nous approchent pour demander un crédit », a expliqué Pierre Conrad Edzoa, directeur général de PRO-PME Financement S.A.
Pour le représentant d’Ecobank, l’émergence du Cameroun passe par les femmes. La banque panafricaine dispose d’ailleurs d’un programme spécifique, dénommé « Ellevate », qui aide les femmes entrepreneures à opérer la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, en leur offrant des conditions de prêts spécifiques selon les types de métier qu’elles exercent ; les conditions de garanties sont également allégées. « Avant la garantie, il y a le pricing qui est allégé, a précisé Guy Martin Mbah, chargé des petites et moyennes entreprises et responsable du réseau d’agences chez Ecobank Cameroun. Le prêt ordinaire se fait normalement sur une base d’intérêt de 10 %, mais les femmes entrepreneures bénéficient d’une bonification. Pour les frais de dossier, qui sont généralement de 1 % du montant total du prêt, les femmes ne paient que 0,5 % ».
« Nous sommes venus avec l’intention de faciliter le dialogue entre les femmes entrepreneures et les institutions financières. Mais, grande est notre joie de constater que ce dialogue existe déjà, même s’il reste timide », a déclaré Charleine Mbuyi-Lusamba, chargée de genre à la Banque africaine de développement, avant d’ajouter : « Les échanges de ces derniers jours nous ont permis de nous engager sur la voie d’un dialogue souple et franc, à même de créer une vraie dynamique économique à Douala et au Cameroun ». Elle a aussi annoncé qu’une mission de haut niveau d’AFAWA, avec à sa tête Esther Marieme Dassanou, responsable d’AFAWA, se rendra bientôt au Cameroun pour renforcer les initiatives en cours.
« Nous remercions sincèrement AFAWA, car son action cible effectivement nos besoins. Nous allons nous organiser davantage et outiller les femmes entrepreneures, afin qu’elles soient à la hauteur de ce qu’AFAWA apportera par la suite », a indiqué Alice Maguedjio, présidente du syndicat des commerçants détaillants du département du Wouri, dont Douala est le chef-lieu.
AFAWA est une initiative phare de la Banque africaine de développement qui entend faciliter l’accès des femmes entrepreneures en Afrique aux financements, afin de combler le déficit de financement qui les affecte, estimé à 42 milliards de dollars américains. De son côté, la Banque africaine de développement va mobiliser jusqu’à 5 milliards de dollars d’ici à 2025, pour ce faire.
Au Cameroun, AFAWA est partenaire de trois institutions financières à travers le Fonds africain de garantie.