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Afrique : « Faisons du secteur privé le pilier de la relance économique »

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(BFI) – Alors que les Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI viennent de se tenir, le secteur privé africain mérite une attention particulière.

Les institutions de Bretton-Woods ont indiscutablement marqué le destin économique de l’Afrique par leur implication et leur impact sur les politiques menées par les gouvernements. Au moment où elles viennent de boucler leur raout annuel et que se profile le Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique (24 et 25 octobre 2022) où seront discutées les questions de stabilité et de souveraineté, plus que jamais la question de la relance économique du continent est au cœur des préoccupations. Alors que l’Afrique a été touchée par une récession économique, la première depuis près de 30 ans, le secteur privé apparaît comme l’un des fers de lance de la reprise qui s’esquisse. À condition, bien entendu, d’assurer un meilleur financement des PME, maillons essentiels de la création de valeur, d’emplois et de richesses sur le continent africain.

Le secteur privé, catalyseur de la reprise économique sur le continent

Comme nous l’avons vu pendant la crise de la Covid-19, la capacité d’adaptation des entreprises en Afrique a été particulièrement remarquable et a permis aux économies de résister face aux chocs exogènes. Ce dynamisme entrepreneurial de la jeunesse en Afrique, animée d’un esprit tout aussi dynamique que créatif, constitue un véritable atout pour répondre aux nouveaux défis et enjeux sur le continent.

Les PME et ETI représentaient en 2020, selon l’Agence française de développement (AFD), 90 % du tissu entrepreneurial du continent et 60 % des emplois. Elles jouent un rôle essentiel dans la croissance économique et seront les plus à même d’assurer l’insertion professionnelle des 30 millions de jeunes qui arriveront chaque année sur le marché du travail d’ici 2030 en Afrique. Les jeunes pousses africaines se multiplient dans tous les secteurs, portées par d’impressionnantes levées de fonds et la promesse de faire naître de nouveaux champions africains en créant sans cesse une valeur ajoutée. En 2019, avant la crise sanitaire, plus de 2 milliards de dollars avaient été récoltés selon Partech International, tout particulièrement au Nigeria, au Kenya, en Égypte et en Afrique du Sud, dans les secteurs de la FinTech et de l’AgriTech. Nonobstant la tempête semée par le Covid-19, le développement des start-up ne laisse présager que de bons auspices, 100 jeunes pousses africaines ayant atteint leur tout premier million de dollars en levée de fonds en septembre 2022. La crise est donc apparue, in fine, comme un moyen pour les entreprises de se repenser au regard des nouveaux enjeux et défis apparus.

S’il est reconnu que le secteur privé joue un rôle crucial dans la résolution des défis liés au développement socio-économique de l’Afrique, la question de son financement reste pourtant en suspens. Ce phénomène est d’autant plus préoccupant que ces dernières années, le poids du secteur privé dans le poids de la dette des États africains n’a cessé de croître. Pour se développer et s’affirmer comme un puissant vecteur de croissance économique, de création d’emplois et de réduction de la pauvreté, le secteur privé doit être soutenu, accompagné et faire l’objet de partenariats forts.

Combler le manque de financement, condition sine qua non pour développer le potentiel africain

Lors du sommet du G7 en juin 2021, les institutions financières ont annoncé des investissements à destination du secteur privé africain s’élevant à 80 milliards de dollars. Ces investissements sont tout particulièrement les bienvenus au regard des crises mondiales récentes : la pandémie de Covid-19 et plus récemment la guerre en Ukraine. Malgré ces nombreux efforts, le continent africain reste quatre fois moins financé que le reste de l’économie mondiale, alors que la situation exige un soutien fort et massif.

L’évolution démographique des prochaines décennies ne fait que renforcer le besoin des investissements. D’ici 2030, 30 millions de jeunes arriveront chaque année sur le marché du travail en Afrique. Il est donc essentiel de renforcer les partenariats avec les pays africains pour créer une nouvelle dynamique et ainsi éviter à ces nouveaux arrivants de se retrouver au chômage, ce qui accentuerait dès lors la pauvreté et limiterait considérablement la croissance socio-économique des pays. Il ne s’agit non plus de fournir des financements sous forme d’aides, mais bel et bien de promouvoir et de renforcer les partenariats afin d’améliorer la résilience des pays africains. Ainsi, en améliorant l’accès à l’éducation et à la formation, en accompagnant la transformation de l’agriculture africaine ou encore en l’aidant à faire face au changement climatique, nous pourrons surmonter les défis auxquels le continent est confronté.

Face au besoin croissant de financements, la relance post-Covid doit être l’occasion de repenser les mécanismes de soutien au secteur privé et les interactions entre les acteurs privés et publics.

Repenser les partenariats pour un financement pragmatique du secteur privé

La pandémie a exacerbé les tensions et les incertitudes, déstabilisé les finances publiques des États du continent et ralenti les flux de financements privés tout en générant des dettes difficilement soutenables. Dans ce cadre, les partenariats public-privé (PPP), encore sous-exploités par les États africains, peuvent pourtant offrir des solutions pour garantir la croissance, à condition qu’ils bénéficient d’un meilleur cadre juridique. Pour qu’ils soient considérés gagnants-gagnants, ces PPP doivent aussi bien être transparents pour les entreprises, que rentables pour les États, permettant ainsi aux gouvernements de dégager des marges budgétaires qu’ils pourront ensuite réinvestir pour soutenir le secteur privé.

Pour maximiser les retombées économiques des financements et des conventions de partenariat en s’assurant qu’ils bénéficient au plus grand nombre, les investissements pourraient se concentrer sur certains secteurs d’activité. À ce titre, le numérique représente un véritable catalyseur de croissance, capable de se propager dans tous les secteurs de l’économie d’un pays, à l’image de l’agriculture avec l’AgriTech qui permet une amélioration du rendement pour les exploitations, ou encore de la e-santé ou de la Fintech, secteurs d’avenir au regard des demandes de plus en plus fortes exprimées par les populations.

Le numérique constitue également un réservoir d’emplois pour la jeunesse comme l’indique la Société financière internationale (SFI) dans un récent rapport, les compétences digitales devant générer quelque 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne d’ici 2030.

Face aux grandes mutations sociales, économiques et environnementales que connaît notre siècle, la relance post-Covid nous offre une opportunité unique, celle de repenser les partenariats et notre approche afin de soutenir davantage les entreprises privées dans leur développement.

Par Mahi Hamet Kane, Associé chez PwC Sénégal

Rédaction
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