(BFI) – De sources internes au ministère de l’Eau et de l’Énergie, le 24 octobre 2022, le chef de ce département ministériel, Gaston Eloundou Essomba, a reçu une correspondance de l’Organisation camerounaise des industries de transformation de l’acier (Ocita). Dans ce document, la corporation des sidérurgistes-métallurgistes (producteurs de fer à béton et autres matériaux de construction et petit outillage agricole à base de fer, NDLR) décrit la situation alarmante de l’approvisionnement de leurs entreprises en énergie électrique, dans la zone industrielle de Bassa, à Douala, la capitale économique camerounaise.
« Nous venons auprès de votre haute autorité solliciter vos instructions pour la stabilisation de l’approvisionnement en énergie électrique, pour notre secteur d’activité, celui des aciéries, à la suite de l’incident survenu au poste grands comptes de Logbaba le 20 septembre dernier. (…) En effet, depuis l’incendie du transformateur survenu au poste grands comptes de Logbaba, et après deux semaines de statu quo, un transformateur 36 MVA a été installé pour la reprise de la fourniture de l’énergie électrique. (…) Ledit transformateur, avec une capacité presque égale à la somme des trois puissances appelées et souscrites (par les métallurgistes, soit 34 MW, NDLR), ne permet pas un fonctionnement optimal de nos unités de production avec des interruptions journalières quasi-permanentes (à minima 5 interruptions par jour, pour un temps de reprises de nos ouvrages de production estimé à 2 heures, du fait de la particularité de la transformation de l’acier) », peut-on lire dans la correspondance de l’Ocita dont ampliation a été faite jusqu’aux services du Premier ministre.
« Nous louons déjà les efforts du gouvernement qui a pu permettre le rétablissement de la fourniture de l’énergie électrique dès le 13 octobre 2022, après plus de 20 jours d’interruption, suite à l’incendie, le 20 septembre dernier, du transformateur de 50 MVA (mégavolt ampère) desservant alors la zone industrielle de Bassa », se contente de dire un métallurgiste contacté par Investir au Cameroun, qui n’a pas souhaité s’étendre davantage sur le sujet.
Solution définitive
Afin de stabiliser la fourniture en électricité des aciéries et des autres entreprises installées dans la zone industrielle de Bassa, l’Ocita suggère le remplacement du transformateur récemment installé (36 MVA), par un autre transformateur de même capacité que celui consumé lors de l’incendie du 20 septembre dernier (50 MVA). Cette même suggestion avait déjà été faite par Eneo, le concessionnaire du service de production et de distribution de l’électricité, dans une note date du 4 octobre 2022. Cette filiale du fonds d’investissement britannique Actis suggérait concrètement le démontage du poste de 50 MVA installé à Ngousso, à Yaoundé, pour transfert à Douala, à l’effet de sécuriser l’approvisionnement des entreprises de la zone industrielle de Bassa.
Cette proposition d’Eneo n’ayant pas prospéré jusqu’ici, l’Ocita revient à la charge, en suggérant plutôt, cette fois-ci, le démontage d’un transformateur de 50 MVA à Douala, et non plus à Yaoundé. « Nous avons mené nos investigations techniques, et il en ressort qu’il y aurait une possibilité pour les deux concessionnaires (Eneo et Sonatrel), de remplacer le transformateur installé de 36 MVA par un transformateur de 50 MVA actuellement au poste de Bonabéri. Avec cette solution, nos productions seront stabilisées… », soutient l’Ocita.
Au demeurant, de sources internes à Eneo, à défaut d’avoir en permanence des transformateurs de grande puissance en réserve, la solution définitive pour les incidents comme celui qui plombe depuis plus d’un mois les activités des entreprises dans la zone industrielle de Bassa réside dans la mise en œuvre effective du plan de mise à niveau des réseaux électriques de Douala et de Yaoundé. Ce plan, qui prévoit des investissements aussi bien sur les lignes de transport que de distribution, va permettre, apprend-on, la construction d’une deuxième ligne de secours à côté de chaque ligne de transport et de distribution existante. De manière à pouvoir immédiatement basculer sur les lignes de secours en cas d’incident sur la ligne principale. Ce mécanisme devrait permettre d’assurer la continuité du service public de l’électricité, en dépit des incidents sur les réseaux de transport et de distribution devenus légion dans le pays, avec des conséquences socio-économiques déplorables.