(BFI) – Selon le rapport Africa Construction Trends Report 2022, publié par la firme d’analyses et d’audit Deloitte, en 2021, l’Afrique comptait 462 projets de construction en cours de réalisation, dont 48,9% consacrés au secteur du transport (infrastructures routières, ports et autres). Toutefois, seulement 30% des 512 milliards de dollars de budget engagé pour ces travaux de construction sur le continent, étaient dédiés au transport.
Ce constat est fait alors que de façon constante, les besoins en infrastructures sont particulièrement pressants, surtout en Afrique subsaharienne hors Afrique du sud, où plusieurs pays accusent un retard par rapport aux autres régions en termes de quantité, de qualité et d’accessibilité des infrastructures. Certes, on peut relever avec Deloitte une augmentation significative des chantiers et des financements, notamment en Afrique de l’Ouest, mais pas encore à la hauteur des capacités de croissance des différents pays.
Un des principaux défis auxquels se heurte le développement des infrastructures de transport en Afrique subsaharienne reste la difficulté d’accéder à des financements longs, sur lesquels repose l’essentiel de ces projets, étant donné les capacités budgétaires limitées des Etats. D’autant plus que l’accès au marché des capitaux internationaux, usuel pour ce type d’initiatives, est pénalisé par une perception négative du risque par les investisseurs.
Dès lors, la communauté des bailleurs joue un rôle primordial d’apporteurs, mais aussi de catalyseurs de financements. C’est dans ce registre que s’inscrit la Banque africaine de développement. Fort de son triple A, confirmé par les grandes agences de notation, elle peut mobiliser des ressources à des coûts faibles, et soutenir les pays qui en expriment le besoin. A ce titre, l’une des initiatives les plus marquantes de l’institution financière No1 en Afrique est l’Africa Investment Forum (AIF).
Lors de l’édition 2021 de cet événement, les infrastructures de transport ont fait l’objet de nombreux échanges avec des investisseurs et 4 grands projets ont été mis en évidence, pour un montant total de 23,5 milliards de dollars. Le plus important de tous est le projet de corridor visant à relier Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, à Lagos, celle du Nigéria, première puissance économique africaine en termes de marché potentiel et de valeur ajoutée créée chaque année. Ce projet devrait faire l’objet de nouvelles discussions entre les participants de l’Africa Investment Forum qui se déroulera du 2 au 4 novembre prochain à Abidjan.
A l’occasion d’une récente tournée de promotion de l’événement, à Accra au Ghana, Chinelo Anohu, directrice de l’AIF, a rappelé combien son organisation est engagée à mener rapidement ce projet à terme afin d’apporter tous ses bénéfices aux 70 millions de personnes qui vivent sur le trajet et plus généralement à l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.
Les défis à surmonter ne manqueront pas d’être soulevés lors des échanges. Il faudra pour ce projet trouver le juste équilibre entre les politiques économiques et environnementales, ou encore les compensations des pays. Des aspects comme les contreparties des gouvernements seront aussi discutés, surtout en ces temps où, pour de nombreux pays, les budgets souffrent de l’inflation, de la dépréciation des taux de change et des urgences comme la sécurité alimentaire et l’adaptation au changement climatique.