(BFI) – Depuis le retour de Henri-Claude Oyima –PDG du groupe BGFIBank- à la tête du patronat gabonais, l’organisation est riche en actualités. De l’idylle retrouvée avec le sommet de l’Etat à la confiance renouvelée des entreprises, l’entité qui fédère le secteur privé au Gabon semble renaitre de ses cendres, même si le chemin est encore long.
Tout d’abord, ce n’est plus la Confédération patronale gabonaise, mais plutôt la Fédération des entreprises du Gabon (FEG). La décision de renommée l’organisation qui génère 80% du PIB national a été entérinée lors de l’assemblée générale du 10 octobre dernier, pour marquer « le changement de paradigme » tant prôné par Henri Claude Oyima, PDG du groupe BGFIBank, depuis son élection à la présidence de la FEG le 2 août dernier. Vendredi 21 octobre, l’homme fort du secteur privé gabonaise était au Palais de l’Estuaire où il s’est entretenu avec le président Ali Bongo Ondimba, en présence du Premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda, au sujet des orientations récentes visant à redorer l’image du patronat et de la relance économique du pays. Il n’était pas seul, accompagné de son conseiller stratégique, l’homme d’affaires franco-gabonaise Christian Kerangall, PDG de la holding industrielle Compagnie du Komo et première fortune du pays.
Le patronat et l’Etat « réconciliés »
En moins de trois mois d’exercice, c’était la deuxième fois que le patron des patrons était reçu en audience officielle par le président Bongo après leur rencontre le 30 août. Le Présidence de la République en a même fait une communication. « Cela n’était pas arrivé depuis des années. Son prédécesseur n’avait jamais été reçu par le président. Cela montre qu’il y a vraiment un vent de renouveau », remarque un patron librevillois interrogé par La Tribune Afrique qui voit en le retour de Henri-Claude Oyima une possible « renaissance » du patronat. Et il n’est pas le seul. A lire les titres de la presse gabonaise depuis le retour aux affaires de ce mastodonte du secteur bancaire national et sous-régional, on voit bien que ce dernier nourrit beaucoup d’espoir, un sentiment fondé notamment sur ces résultats lors de son premier passage à la FEG.
« La FEG est d’abord un état d’esprit »
Initialement patron des patrons gabonais entre 2003 et 2013, Henri-Claude Oyima est resté très respecté. D’ailleurs, il n’a lui-même jamais émis le vœu de revenir à la tête du patronat. Les entreprises membres, déterminées à tout faire pour sauver le bateau d’une organisation plus vieille que la République -car créée en 1959- lui en ont fait la proposition. « Il a été longuement approché », confie un chef d’entreprise. « Le retour de Monsieur Oyima était nécessaire, poursuit-il. La FEG, c’est d’abord un état d’esprit, une façon d’être. L’avantage du nouveau président est qu’il sait comment la maison fonctionne. Il sait ce qu’il faut faire pour la redresser. Je crois que les présidents qui ont échoué n’avaient juste pas compris ».
Son prédécesseur en effet, Alain Ba Oumar, a quitté le patronat par la petite porte. En proie à des accusations de gestion opaque de l’ex-CPG avec notamment le retrait de plusieurs syndicats, il démissionne en mai dernier, soit un an avant la fin de son deuxième mandat.
Les challenges du chef
Oyima a plusieurs dossiers chauds sous la main dont celui de la dette publique auprès des entreprises. Le sujet était à l’ordre du jour de sa dernière rencontre avec le président Bongo Ondimba et les chefs d’entreprises réclament une visibilité sur les engagements de l’Etat dans ce sens. En outre, dans l’optique de renforcer les troupes de la FEG qui rassemble 350 entreprises, le patron des patrons aurait appelé à l’application de la clause qui veut que les litiges entre membres soient résolus en interne plutôt qu’auprès des tribunaux. Cette clause pourra-t-elle (enfin) s’appliquer à son groupe BGFIBank qui traîne un litige avec la fintech e-Doley portée depuis devant les tribunaux français ?
En attendant, Henri-Claude Oyima s’est constitué un état-major de taille pour mener à bien sa mission. Outre son conseiller stratégique Christian Kerangall, il est secondé par plusieurs ténors du business gabonais dont Leod Paul Batolo, patron de la Compagnie Minière de l’Ogooué (Comilog), filiale du français Eramet, Stéphane Bassene de Total Energies Gabon, Fabrice Bonatti de Castel, Alain-Claude Kouakoua du groupe ACK ou Jean Baptiste Bikalou de Petro Gabon. « Il faut redonner au patronat gabonais ses lettres de noblesse. Le mandat de Monsieur Oyima est clair. Il vient pour arranger les choses, pour remettre de l’ordre dans la maison. Cependant, son challenge aujourd’hui n’est pas seulement de réussir la transition, mais qu’après lui, la FEG connaisse encore de très longues années de vie, de belle vie », estime ce chef d’entreprise.