(BFI) – Déterminée à augmenter les prix de la bière depuis bientôt un an, la Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC), filiale du français Castel et leader du marché local des boissons, a pris la décision « d’accompagner le gouvernement en renonçant à l’augmentation initialement projetée du prix de la bière », selon le ministère du Commerce. D’après cette administration, cette décision a été communiquée au ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, par le président du conseil d’administration (PCA) de la SABC, Michel Palu, à la tête d’une délégation du groupe Castel reçue en audience le 27 juillet à Yaoundé renseigne Investir au Cameroun.
Un mois avant sa prise de fonction comme directeur général de la SABC, intervenue le 1er juillet dernier, le nouveau DG, Stéphane Descazeaud, a pourtant réitéré à Magloire Mbarga Atangana la volonté de l’entreprise de procéder à une révision à la hausse des prix, lors d’une rencontre à Yaoundé. En guise de réponse, le ministre du Commerce lui a demandé de patienter jusqu’à sa prise de fonction officielle…
Pour justifier la hausse des prix de la bière, la société brassicole évoquait le contexte international défavorable, caractérisé par le renchérissement des cours des matières premières et l’envolée des prix du transport maritime. Des éléments qui augmentent les coûts de production de ce produit. Alors que cette situation s’est même aggravée, la décision de la SABC a donc de quoi surprendre.
Rachat de Guinness Cameroun
Contactée, la filiale de Castel n’a pas commenté cette volte-face. On peut néanmoins constater qu’elle intervient au moment où le groupe français vient de conclure un accord pour le rachat de Guinness Cameroun, filiale du Britannique Diageo. Pour finaliser ce deal de 300 milliards de FCFA qui va porter ses parts de marché au-delà de 80%, la SABC attend notamment l’approbation de la Commission nationale de la concurrence du ministère du Commerce. Ce n’est donc pas le moment de se fâcher avec les autorités camerounaises opposées à la hausse des prix de la bière.
La question était d’ailleurs au centre de l’audience entre le ministre du Commerce et la délégation conduite par Michel Palu. Et à en croire les services de la communication du ministère du Commerce, le PCA de la SABC a assuré qu’aucune suppression d’emplois n’était à l’ordre du jour. « Au contraire, le groupe Castel prévoit d’investir massivement pour créer des sites d’embouteillage des produits Guinness sur l’ensemble du territoire national », rapporte la même source.
Objectif avoué : éviter la disparité des prix préjudiciable aux consommateurs des régions où il n’existe pas jusqu’ici des centres de production. Pour le groupe français, « le projet d’acquisition est donc tout à l’avantage des salariés, de la création d’emplois, de la densification des investissements et s’inscrit en droite ligne de la politique du gouvernement visant à renforcer l’outil de production national dans la perspective de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine ».
De ce compte rendu, il apparait que l’une des stratégies du groupe Castel, pour obtenir l’accord de la Commission nationale de la concurrence, est de démontrer que les gains économiques de cette acquisition sur l’économie nationale dépassent les effets préjudiciables à la concurrence sur le marché. L’article 17 de loi sur la concurrence prévoit, en effet, qu’une fusion ou une acquisition qui porterait atteinte à la concurrence peut être admise dans ce cas indique Investir au Cameroun.