(BFI) – Le remboursement de la dette des 48 pays pauvres, majoritairement africains, différé, est largement dépassé. Sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, les pays créanciers et membres du Club de Paris avaient accepté de retarder le paiement à janvier 2022. Aujourd’hui, les échéances de paiement réapparaissent.
En avril 2020, le président Français Emmanuel Macron lançait un appel aux bailleurs de fonds pour l’annulation massive des dettes africaines, portant sur 11,8 milliards d’euros, soit 13 milliards de dollars (plus de 7670 milliards de F CFA). L’appel de soutien visait à permettre aux pays africains de pouvoir faire face à la crise sanitaire mondiale jamais égalée. Mais, l’idée a été vite transformée en initiative de suspension des dettes africaines jusqu’en 2022. Aujourd’hui, certes la pandémie a drastiquement baissé, mais les difficultés des pays africains se sont aggravées, notamment avec l’invasion de la Russie en Ukraine provoquant le plus grand choc sur les produits de base.
Ce qui, de facto perturbe et dérégule le marché mondial en produits agricoles. Car, la Russie et l’Ukraine à eux seuls représentent 30% des exportations mondiales de blé et d’orge. Donc, deux géants dans l’approvisionnement de matières premières agricoles. Ces sérieuses menaces sur les exportations, couplées à celles liées à la production et au fret maritime portent un sacré coup aux ménages durement impactés par la hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires qui sont déjà à un niveau record.
Restructurer ou annuler la dette ?
Face à ce climat délétère, se pose avec acuité la question de la restructuration ou alors de l’annulation de la dette. Car, celle-ci, a fortement augmenté ces douze dernières années. Selon Anne-Laure Kiechel, fondatrice de Global Sovereign Advisory, du cabinet de conseil aux Etats-Unis, le ratio d’endettement moyen y est passé de 33,5 % entre 2010 et 2017 à 50,4 % en 2019, puis 57,3 % fin 2020 ; et cela alors que la marge fiscale des États a été mise à mal par la covid-19. D’où l’urgence de s’asseoir autour d’une table entre créanciers publics, Etats et institutions internationales mais aussi créanciers privés pour étudier les possibilités de restructuration, ou d’annulation des dettes africaines.
Aujourd’hui, encore plus que jamais, l’urgence se pose et ces pays peuvent y être contraints par les États à participer à l’effort. D’ailleurs, la plupart des contrats de prêts sont enregistrés à Londres et à New York. A noter que les créanciers privés ont un devoir fiduciaire par rapport à leurs propres investisseurs. Ce qui les pousse souvent à des positions minimalistes en matière de réduction de la dette. En revanche, pour les créanciers « pays », la dimension diplomatique prime. Ce qui rend inéluctablement les restructurations récentes plus complexes que par le passé.
André Noir