(BFI) – Être un acteur majeur du développement des PME, tel est le leitmotiv de Yellow, startup établie au Cameroun depuis 18 mois et fondée par Angela Ngo Ndouga.
Titulaire d’un MBA en gestion financière internationale, Angela débute sa carrière en France au sein de Société Générale Factoring, filiale du groupe bancaire spécialisée dans l’affacturage. Ensuite, elle revient s’installer au Cameroun où elle exercera pendant 5 ans au sein de la Compagnie Française de l’assurance et du commerce extérieur (COFACE), où elle acquiert une expertise dans la gestion des lignes métiers pour des banques locales et mettra en œuvre des projets affacturage dans plusieurs pays de l’Afrique Centrale et de l’Ouest.
Ces premières expériences lui permettent ainsi de développer un savoir-faire en affacturage et une meilleure compréhension de l’environnement local des PME ainsi que leurs besoins. Soucieuse d’apporter des réponses plus adaptées à ces besoins, elle décide en 2016 de se lancer dans l’entrepreneuriat. Cette première expérience lui permettra de renforcer ses acquis en matière d’accompagnement des PME.
En 2020, Angela Ngo Ndouga décide de créer Yellow, avec pour objectif de résoudre les difficultés de trésorerie des PME engendrées par le retard ou le non-règlement des factures commerciales. Motivée et engagée, elle veut faire de Yellow, la référence en matière de solutions alternatives et innovantes pour le financement des PME au Cameroun.
Business Finance International : Quelles motivations ont suscité́ la création de Yellow et quelles en sont les principales activités ?
Angela Ngo Ndouga : Avant d’être une société, Yellow est avant tout le défi d’une jeune entrepreneuse Camerounaise, de pénétrer un segment de marché jusqu’ici dominé par les hommes. Yellow est ensuite une volonté d’apporter une alternative pour le financement des PME locales. Pour ce faire, nous proposons des solutions innovantes, simples, flexibles, pragmatiques et transparentes pour répondre aux besoins en trésorerie auxquels font face les promoteurs de PME au Cameroun. Yellow c’est principalement deux activités : le rachat des créances commerciales des PME et le recouvrement de créances commerciales pour le compte des PME. Yellow est donc une réponse aux problématiques de gestion des délais de paiement et de gestion des risques de non-paiement des créances commerciales.
BFI : Vous avez récemment écrit sur votre profil LinkedIn je cite : « La réussite pour nous c’est aussi d’être un acteur du développement d’autres PME. » En quoi est ce que Yellow peut-elle être un acteur de développement pour les Pme camerounaises ?
ANN : Tous les 05 ans au Cameroun, 8 PME sur 10 déclarent faillite. Les délais, souvent très longs, des règlements des factures commerciales sont citées comme l’une des causes majeures de ces faillites. Plus de 1/3 du temps d’un promoteur de PME est dédié à la gestion des tensions de trésorerie ce qui réduit considérablement sa capacité à créer de la valeur réelle pour son entreprise. A travers notre solution, nous avons un impact direct sur le quotidien des promoteurs d’entreprises. Ils peuvent dans un court délai (72h en moyenne) disposer de la trésorerie dont ils ont besoin pour honorer à leurs engagements : régler leur personnel, leurs obligations fiscales et sociales, leurs charges d’exploitation, leurs fournisseurs, etc. Ils peuvent ainsi pleinement jouer leur rôle de moteur de notre économie.
BFI : Dans un marché́ dominé par les banques en termes de financement de l’économie, quel est la plus-value que Yellow apporte aux entreprises, clients et particuliers contrairement à ce qui est proposé́ par les banques classiques ?
ANN : Le système bancaire doit respecter un certain nombre de mesures et obtenir des garanties avant d’accompagner une PME. Ce qui engendre nécessairement des délais que ne peut généralement pas se permettre une PME en situation de besoin urgent en trésorerie. Le process de Yellow minimise ces délais. L’entreprise est donc plus réactive face aux besoins urgents des PME. Cependant, nous ne nous considérons pas comme des concurrents à la banque mais plutôt comme une alternative complémentaire et bénéfique pour les banques elles-mêmes. En effet, Yellow est capable de couvrir des niches pour lesquelles les banques marquent trop peu d’intérêt, pour des raisons multiples. De ce fait, nous représentons une opportunité plus sécurisée en direction d’un segment spécifique de PME.
BFI : Après la crise sanitaire qui a pratiquement durée 2 ans, les États parlent aujourd’hui de relance des économies. À votre niveau, quels enseignements avez-vous tirer de cette pandémie mondiale ? Vos activités ont-elles été affectées ?
ANN : Yellow a débuté ses activités à un moment où les effets de la pandémie étaient de moins en moins perceptibles sur le plan local. Toutefois, la veille concurrentielle effectuée avait permis en son temps de constater que les délais de règlement des factures avaient été allongés ce qui a fragilisé beaucoup de PME. Cette situation nous a donné l’opportunité de mieux orienter notre offre afin de la rendre plus flexible et plus courte. De plus, la pandémie nous a conforté dans notre logique de dématérialisation de notre process, qui une fois déployée, pourra apporter une valeur ajoutée conséquente à nos activités mais surtout va accroître les performances en matière de gestion de la trésorerie pour les promoteurs de PME.
BFI : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez sur le terrain ?
ANN : En tant que jeune entreprise, Yellow fait face à plusieurs contraintes liées à l’environnement dans lequel nous évoluons. Nous les voyons plus comme des opportunités de gagner en expérience. Mais s’il faut mettre en avant une difficulté, nous citerons la méconnaissance de cette activité. Ce qui implique que nous devons investir beaucoup de temps à expliquer à nos clients, nos partenaires et aux potentiels bailleurs de fonds les process et codes de notre activité.
BFI : Selon-vous quelles mesures spécifiques faut-il prendre pour insuffler une nouvelle dynamique au marché́ local de l’affacturage ?
ANN : Le marché local de l’affacturage est encore embryonnaire. Pourtant, le principe sur lequel la solution repose, c’est à dire la cession de créances commerciales, est pourtant sain, efficace et adapté à la PME, tout en étant sécurisé pour le cessionnaire. Il est donc important d’informer et de former les différents acteurs sur l’intérêt de cette activité.
Cette communication devrait notamment s’orienter vers les pouvoirs publics afin qu’ils soutiennent d’autres initiatives indépendantes et efficaces comme Yellow, et les investisseurs institutionnels afin qu’ils puissent clairement comprendre et évaluer l’opportunité rentable que représenterait cette activité dans leurs portefeuilles d’investissement.
Au-delà, sur le marché, il faut pouvoir offrir une offre réellement adaptée aux problématiques de la PME et ne pas adresser l’affacturage comme un produit bancaire classique, notamment en ce qui concerne la documentation requise, les garanties souvent sollicitées, les délais d’étude et de mise en place, la consolidation des engagements, le recours à la PME en cas de défaut de règlement, etc. C’est sur l’ensemble de ces points que Yellow fait la différence.
Par André Noir