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Le Cameroun réduit les tarifs douaniers des importations pour stabiliser les subventions aux produits pétroliers

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(BFI) – Louis Paul Motaze, le ministre camerunais des Finances, a signé le 29 avril 2022, une décision fixant les valeurs imposables applicables à l’importation des produits pétroliers raffinés. Selon ladite décision, ces valeurs sont respectivement de 327 169 FCFA, 314 591 FCFA et 342 933 FCFA par tonne métrique de super, gasoil et pétrole lampant, carburéacteur et essence destinée à l’aviation renseigne Investir au Cameroun. « Lesdites valeurs sont valables pour une période de six mois renouvelables le cas échéant », précise la décision ministérielle.

De sources internes à la direction générale des douanes du ministère des Finances, cette décision, prise « dans le contexte de l’augmentation inédite du coût du baril de pétrole (Brent) sur le marché international », consacre ainsi une réduction des valeurs imposables des produits pétroliers, dont le corollaire est la baisse des tarifs douaniers à payer par les importateurs. À en croire nos sources, cette décision aura pour conséquence d’éviter une explosion de la subvention de l’État (672 milliards de FCFA, selon le ministère du Commerce) destinée à soutenir les prix des produits pétroliers à la pompe au cours de l’année 2022, d’une part, et d’éviter une hausse des prix aux consommateurs, d’autre part.

En effet, apprend-on, la loi de Finances de l’État du Cameroun pour l’exercice 2022 a été élaborée sur la base d’un prix du baril de pétrole à 61 dollars. Du fait de la période post-Covid et du conflit russo-ukrainien, ce prix s’est hissé au-dessus de 100 dollars, provoquant du même coup une hausse des prix des produits raffinés. Bien que cette réalité soit à l’avantage des recettes douanières du pays, qui vont augmenter du fait de la hausse de la valeur imposable (prix d’achat) des produits raffinés, elle aura pour effet pervers de faire exploser l’enveloppe de la subvention de l’État visant à maintenir inchangés les prix des produits pétroliers dans le pays, expliquent les douaniers.

« C’est une décision semblable à celle prise il y a quelques mois, et qui a prescrit une réduction de 80% de la valeur du fret à prendre en compte dans le calcul de la valeur en douane des marchandises importées par voie maritime. Elle avait pour but de réduire aux importateurs, les surcoûts engendrés par la hausse du coût du fret maritime », compare un douanier. En clair, au travers de la décision signée le 29 avril 2022 par le ministre des Finances, le gouvernement camerounais renonce à des recettes douanières supplémentaires, afin de garantir une meilleure maîtrise de l’enveloppe globale de la subvention devant lui permettre d’éviter l’augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe.

Incendie Sonara

Pour rappel, depuis l’incendie de la Sonara (mai 2019), l’unique raffinerie de pétrole du pays, le Cameroun importe tous les produits raffinés consommés sur son territoire. À la faveur de cette mutation dans l’approvisionnement du marché en produits pétroliers finis, le prix d’équilibre est tombé de 55 à 40 dollars, selon les simulations faites par la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH). C’est-à-dire que, lorsque les cours mondiaux vont au-delà, les prix actuels pratiqués à la pompe engendrent des pertes qui doivent être compensées par l’État. 

Fort de cette réalité, a-t-on appris le 30 mars 2022 du ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, le prix d’un litre de super revient à 1016 FCFA, alors qu’il continue d’être vendu sur le marché local à 630 FCFA. Le litre de gasoil devrait normalement coûter 1027 FCFA, contre 575 FCFA dans la pratique. Celui du pétrole lampant devrait revenir à 849 FCFA, mais est stabilisé à 350 F à la pompe. Par ailleurs, une bouteille de 12 kg de gaz domestique devrait être vendue à 13 277 FCFA, mais est cédée aux ménages à 6 500 FCFA.

Pour maintenir cette situation inchangée tout au long de l’année 2022, dans le contexte international actuel, l’État devra subventionner la consommation du super à 253 milliards de FCFA, 376 milliards de FCFA pour le gasoil, 43 milliards de FCFA pour le pétrole lampant et 70 milliards de FCFA pour le gaz domestique. C’est pour éviter une explosion de ces enveloppes respectives, à un niveau qui imposerait à l’État une revalorisation des prix à la pompe pour ne pas asphyxier le Trésor public, que le gouvernement vient d’édicter de nouvelles valeurs imposables applicables à l’importation des produits pétroliers raffinés.

Rédaction
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