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La hausse des prix de l’énergie touche les pays les plus pauvres

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(BFI) – En Afrique subsaharienne, les populations sont confrontées à une inflation des prix des carburants qui vient aggraver leur précarité.

Ce sont des nouvelles qui sont rarement bien accueillies. A la fin du mois de janvier, le gouvernement burundais a annoncé une hausse de près de 13% du prix de l’essence après deux ans durant lesquels les prix ont été bloqués. Résultat des effets immédiats en matière de hausse des prix ont été observé, notamment le coût des transports publics ou celui des taxis.

A cette hausse du prix s’est par ailleurs ajoutée une pénurie de carburants dans certaines stations-services et les consommateurs burundais redoutent aussi une hausse sur les denrées alimentaires importées, dont les tarifs sont liés à ceux du carburant. Le Burundi devient ainsi, après la Centrafrique, le Zimbabwe et le Sénégal, un des pays les plus chers du continent quand on évoque le prix d’un litre d’essence.

Pourtant, si on considère le Produit intérieur brut (PIB) par tête, soit la richesse produite annuellement dans un pays, le Burundi et la Centrafrique arrivent dans les derniers. Ils font partie, avec la Somalie, des pays les plus pauvres du continent mais leurs ressortissants doivent affronter des prix du carburant au litre qui se rapprochent des standards pratiqués en Allemagne ou en France.

Mais ils ne sont pas les seuls. En République démocratique du Congo, les provinces du Maniema, du Haut-Katanga mais aussi la capitale Kinshasa sont confrontées depuis plusieurs semaines à une hausse des prix et à une pénurie de carburant. Selon le ministère des Hydrocarbures, il ne s’agirait pas d’une pénurie mais « l’entreprise spécialisée dans la logistique pétrolière assurant le transport et le stockage des produits pétroliers, SEP Congo, est en proie à quelques problèmes techniques« .

Ceci obligerait les revendeurs locaux à rationner la distribution ce qui provoque une hausse des tarifs pratiqués. A Goma, dans l’est de la RDC, le litre d’essence atteint aussi des records à près de 3.000 francs congolais, soit 1,5 dollar. Une hausse qui se constate dans les stations-services mais aussi chez les revendeurs à la sauvette communément appelés « Kadhafi « , selon le constat réalisé par notre correspondant sur place, Zanem Nety Zaidi.

Prix subventionnés au Nigeria et au Tchad

L’Afrique du Sud est aussi confrontée à une inflation préoccupante. En décembre 2021, l’indice des prix a augmenté de 5,9% et les carburants sont en grande partie responsables de cette hausse. « Les prix du carburant ont bondi de 40,5% en décembre 2021 par rapport à décembre 2020″, précise un communiqué de l’Institut national des statistiques.

Le graphique ci-dessus ne prouve pas de réelles différences de prix entre pays riches et pauvres mais cette fluctuation montre toutefois que les populations d’Etats plus pauvres comme la Guinée, le Zimbabwe, le Mali, la RDC et surtout la Centrafrique et le Burundi sont confrontées à des records en matière de prix de l’essence.

Le Nigeria garantit en revanche à ses concitoyens un des tarifs parmi les plus faible du continent : 0,4 dollar le litre. Comme en Angola (0,3 dollar) et au Tchad (0,9 dollar), la production de pétrole permet de garantir un prix plancher. Mais cette générosité est coûteuse. C’est pourquoi en novembre dernier, la ministre des Finances, Zainab Ahmed, avait déclaré vouloir mettre fin aux subventions des carburants, une mesure insoutenable selon le gouvernement sud-africain.

Confronté à une grave crise budgétaire, Pretoria souhaitait donc mettre un terme à cette mesure qui coûte chaque année des milliards de dollars aux caisses de l’Etat. Mais pour acheter la paix sociale, à un an de l’élection présidentielle, le gouvernement a finalement changé d’avis. En effet, les consommateurs nigérians considèrent l’accès à du carburant bon marché comme un des rares privilèges qu’ils tirent de leur puissance pétrolière, dans un pays où la pauvreté touche pourtant plus de la moitié de la population.

La hausse des prix est d’autant plus dramatique en Afrique qu’elle ne se limite pas aux prix des carburants. L’inflation des produits alimentaires est aussi élevée. Au Burkina Faso, l’indice qui permet de mesurer le niveau des prix a augmenté de 8% en décembre 2021. La hausse des produits alimentaires pour sa part était de 14%. Même constat au Togo et en Côte d’Ivoire où la hausse des prix alimentaires est deux fois plus importante que le taux global d’inflation. Là encore, ce sont les populations déshéritées qui sont les plus touchées.

L’accès à l’électricité reste minoritaire

C’est un drame qui s’est produit à Kinshasa mais qui aurait tout aussi bien pu arriver dans d’autres villes de la République démocratique du Congo. Le 2 février, 26 personnes sont mortes électrocutées lorsqu’un câble haute tension est tombé dans un caniveau traversant un marché de l’ouest de la capitale congolaise. Notre correspondant, Jean-Noel Ba-Mweze, s’était rendu sur place et avait dépeint une situation chaotique et des habitants du quartier traumatisés.

La vétusté des installations électriques, avec des câbles pendants à faible hauteur au-dessus du sol, avait été désignée comme responsable du drame. Mais à ceci s’ajoutent des coupures fréquentes du courant électrique et une situation ubuesque où les Congolais payent des factures pour une alimentation erratique et des infrastructures obsolètes. Sur le continent, les prix d’un kilowattheure d’électricité varient ainsi considérablement entre les pays, avec des rapports qui sont parfois supérieurs à 100.

Mais il y a pire encore que les populations citadines exaspérées par les coupures incessantes : il y a ceux, souvent des ruraux, qui n’ont pas du tout accès à l’électricité et de ce point de vue la situation du continent est préoccupante.

La connexion au réseau électrique reste un luxe : moins de la moitié de la population (46,7%) en Afrique subsaharienne a accès à l’électricité alors que cette moyenne est de 90% dans le monde.

Et cette fois, le lien est clair entre la richesse d’un pays et la connexion de sa population. A de rares exceptions près, l’accès à l’électricité se réduit au fur et à mesure que le PIB par habitant de chaque Etat diminue. La courbe connait deux soubresauts puis s’effondre littéralement en dessous d’un PIB de 860 dollars par habitant.

Ainsi, le taux de connexion au réseau électrique chute à moins de 20% de la population dans les pays francophones les plus pauvres comme le Burkina Faso, le Niger, la RDC, la Centrafrique, le Burundi et le Tchad, dernier pays du continent avec un taux d’accès de 8,4%.

Félix Victor Dévaloix

Rédaction
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