(BFI) – Alors que la croissance mondiale devrait ralentir à 4,1 % en 2022 dans un contexte marqué par la persistance des flambées de Covid-19, la croissance en Afrique subsaharienne devrait reprendre légèrement pour s’établir à 3,6 % en 2022 et 3,8 % en 2023..
La croissance mondiale devrait ralentir à 4,1 % en 2022 dans un contexte marqué par la persistance des flambées de Covid–19, la réduction des mesures de soutien budgétaire et des problèmes tenaces d’approvisionnement. C’est qui ressort du dernier Global Economic Porpects, le rapport de la Banque mondiale sur les perspectives économiques mondiales,
« Alors que les chiffres de la production et de l’investissement devraient renouer l’année prochaine avec leurs niveaux d’avant la pandémie dans les économies avancées, ils resteront nettement en deçà des tendances pré-Covid dans les marchés émergents et les économies en développement », expliquent les analystes de l’institution de Bretton Woods.
Les services, le tourisme et le secteur manufacturier restent les plus touchés
En Afrique subsaharienne, la production a augmenté de 3,5 % en 2021, à la faveur du rebond des cours des produits de base et de l’assouplissement des restrictions sociales. La reprise demeure cependant fragile et insuffisante pour enrayer l’augmentation de la pauvreté due à la pandémie, alors que les nouvelles vagues de Covid-19 font peser une menace persistante. « Le variant Omicron alimente aujourd’hui la multiplication des cas dans toute la région. Plus de 70 % des pays d’Afrique subsaharienne ont fait état d’une hausse d’au moins 50 % du nombre de cas de COVID au cours des deux dernières semaines de 2021 », font remarquer les économistes de la Banque mondiale.
En effet, les services, le tourisme et le secteur manufacturier ont été particulièrement touchés par la pandémie, avec des pertes prolongées de revenus et d’emplois, tandis que l’inflation a freiné la reprise des dépenses de consommation. La montée de l’agitation sociale, de l’insécurité et des conflits internes, notamment dans la région du Sahel (Burkina Faso, nord-est du Nigeria, Niger, Mali, Mauritanie et Tchad) et en Éthiopie, a entravé les dépenses d’investissement, renchérit la Banque mondiale.
Une croissance à la faveur de la hausse des prix des métaux et des denrées alimentaires
Selon les estimations de cette dernière, la croissance dans les trois plus grandes économies de la région — Afrique du Sud, Angola et Nigeria — a été revue à la hausse par rapport aux prévisions antérieures, pour s’établir à 3,1 % en 2021. En Angola et au Nigeria, la croissance a été tirée par la reprise dans les secteurs non pétroliers. La production pétrolière est restée inférieure aux niveaux pré-Covid « en raison d’interruptions dans les travaux d’entretien et du recul des investissements dans les industries extractives ».
En Afrique du Sud, le redémarrage vigoureux de l’économie au début de l’année a été perturbé par de graves flambées de la pandémie, des troubles sociaux et des pannes d’électricité. Ailleurs dans la région, la croissance des pays exportateurs de produits de base non pétroliers a bénéficié de la hausse des prix des métaux et des denrées alimentaires, tandis que les perturbations dans l’industrie des voyages internationaux et du tourisme ont continué de peser sur la reprise dans les pays tributaires du secteur touristique (Namibie, Seychelles).
Ces facteurs qui pourraient perturber le cycle de croissance
En termes de perspectives, la croissance en Afrique subsaharienne devrait reprendre légèrement pendant la période de prévision, pour s’établir à 3,6 % en 2022 et 3,8 % en 2023. Toutefois, les économistes de la Banque mondiale nuancent : « Ces chiffres représentent toutefois près d’un point de pourcentage de moins que la moyenne sur la période 2000-19, conséquence des effets persistants de la pandémie et de la réduction des mesures d’aide, à quoi s’ajoutent l’incertitude en matière de politique publique et l’aggravation de l’insécurité dans certains pays ».
Ces prévisions restent néanmoins conditionnées dans leur réalisation par la pauvreté, l’insécurité alimentaire, la hausse des prix des produits alimentaires et les tensions géopolitiques qui pourraient peser sur la demande des consommateurs et donc freiner la croissance. Sur le plan mondial, un éventuel ralentissement de la croissance pourrait aussi entraîner d’importantes corrections à la baisse des prix des produits de base au détriment des pays producteurs de pétrole et de métaux.
Pour l’institution de Bretton Woods, « les pays confrontés à des problèmes de surendettement pourraient avoir plus difficilement accès aux financements extérieurs, ce qui nécessiterait un ajustement budgétaire brutal ». Dans le cas d’un scénario de prolongation de la pandémie, les problèmes de développement et de santé existants dans la sous-région subsaharienne pourraient être fortement accentués, avec des conséquences directes sur les réformes structurelles et budgétaires et des pertes de capital humain durables.