(BFI) – C’est le 1er janvier 2021 que le projet de zone panafricaine de libre-échange (Zleca) a été lancé. Cet instrument était censé booster le développement du continent et créer plus de richesses. Augmenter les échanges dans un marché commun pour pouvoir booster l’industrialisation et la croissance économique du continent africain : tels étaient, entre autres, les objectifs que de la Zleca.
Plus concrètement, ce projet de zone panafricaine de libre-échange pourrait « permettre de faire sortir 30 millions d’Africains de l’extrême pauvreté et d’augmenter les revenus de près de 68 millions d’autres personnes« , selon les estimations de la Banque Mondiale. Le potentiel de ce marché commun a également séduit en dehors de l’Afrique, notamment en Allemagne. « Juste à notre porte, nous avons une zone africaine de libre-échange, soit la plus grande du monde en termes de nombre de pays participants. On a affaire à un marché d’1,2 milliard de personnes et un produit intérieur brut de 2,5 milliards de dollars américains. Ce marché gagnera nettement en poids et en volume économique au cours des prochaines années« , estime Christoph Kannengießer, coordonnateur de l’Afrika-Verein, l’Association économique germano-africaine.
La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) prévoyait que cet accord stimulerait 52,3% du commerce intra-africain.
Un impact peu visible
Mais un an après sa mise en œuvre, les effets concrets de cet accord sont encore faibles. Selon certains observateurs, la pandémie de la Covid-19, le confinement ainsi que la fermeture de certaines frontières ont eu un impact négatif sur les échanges, notamment au niveau des chaînes d’approvisionnement.
Difficile dans ce contexte de faire un bilan, tant les conditions sur les plans financier et infrastructurel ne sont pas toujours pas encore réunies. « Tous ceux qui soutiennent cet accord sont conscients du fait que c’est un projet qui demande certaines conditions pour qu’il soit opérationnel, notamment la mise en place d’infrastructures qui permettent une circulation beaucoup plus fluide des personnes et des biens. Mais cela n’est pas encore fait« , confie l’économiste sénégalais Demba Moussa Dembelé, par ailleurs président de l’Africaine de Recherche et de Coopération pour l’Appui au Développement Endogène (ARCADE).
« Il faut aussi des banques qui permettent aux entreprises de pouvoir avoir un soutien pour leurs exportations à travers le continent. Et cela ne se fera pas du jour au lendemain. Donc en termes de bilan, il n’y a pas grand-chose à dire« , ajoute-t-il.
Selon lui, les règles de l’accord commercial doivent encore être négociées, car certains pays peinent à adapter leurs règles commerciales à la nouvelle réalité.
De plus, la question des règles d’origine des produits n’est toujours pas clarifiée. Les règles d’origine sont censées garantir que les marchandises commercialisées au sein du marché proviennent effectivement du continent et bénéficient donc d’une préférence tarifaire
Le point de départ en janvier 2021 semble surtout avoir été un acte symbolique. La levée des barrières tarifaires ne s’est pas encore traduite par plus de richesse et d’égalité sociale pour les populations africaines.