AccueilFinanceDetteLe Cameroun s’engage à réhabiliter sa dettes dues à Eneo

Le Cameroun s’engage à réhabiliter sa dettes dues à Eneo

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(BFI) – L’État du Cameroun a débuté le remboursement, en deux mois (décembre 2021-janvier 2022), de 182 milliards de FCFA de dettes dues à Eneo, a appris Investir au Cameroun de plusieurs sources officielles. En plus du distributeur exclusif d’électricité du pays, le producteur indépendant d’énergie Globeleq, qui contrôle des centrales thermiques à Douala (DPDC) et à Kribi (KPDC), et des entreprises publiques du secteur seront aussi des bénéficiaires par effet de ruissellement.

Pour le gouvernement, avec la tenue de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football en janvier 2022, au Cameroun, « la question du traitement de la situation financière du secteur de l’électricité prend toute son ampleur et nécessite une solution ». D’où cet effort herculéen au moment où les caisses de l’État ne sont pas à leur meilleure forme. En effet, les producteurs indépendants d’énergie et autres fournisseurs de combustibles avaient commencé à rationner l’énergie fournie à Eneo du fait des impayés accumulés (155 milliards à fin 2019). Cette situation menaçait le bon déroulement de la CAN.

Un processus double

Ce 17 décembre, Eneo devrait recevoir un paiement de 70 milliards de FCFA. Cette somme représente l’exécution de la première partie d’une convention de remboursement de 143 milliards de FCFA, signé le 15 décembre, selon des sources proches du dossier. Cet argent doit servir à s’acquitter de la compensation des actifs qui ont été cédés au transporteur public de l’électricité Sonatrel, à payer la consommation de l’État et la subvention tarifaire de l’année 2021, à avancer la subvention tarifaire de 2022 et à régler une partie des dettes des entreprises publiques Alucam, Camwater et Camtel.

Les 70 milliards de FCFA devraient provenir de deux émissions de bons du Trésor assimilables (BTA) de 13 et 26 semaines de maturité pour un total de 50 milliards de FCFA et d’une émission de 20 milliards de FCFA d’obligations du Trésor assimilables (OTA) remboursable sur 2 ans. Ces opérations ont déjà été menées, le 15 décembre, mais les résultats n’étaient pas encore publiés par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Une autre émission d’OTA est prévue en janvier 2022 en vue de mobiliser 48 milliards de FCFA à verser à Eneo. Il y a aussi dans le même cadre un mécanisme de compensation de dettes croisées État (SNH), Eneo et KPDC d’un montant de 25 milliards de FCFA.

Par ailleurs, selon une source autorisée, une tranche de 39 milliards de FCFA, représentant la dette due par l’État à fin 2020, devrait être versée à Eneo dans les prochains jours. Pour mobiliser cet argent, l’État a effectué une titrisation de la créance. Les titres remis à Eneo ont été revendus, après une décote (d’où les 39 milliards de FCFA à verser à l’énergéticien pour une dette estimée à un peu plus de 40 milliards de FCFA), à un pool bancaire constitué d’Afriland First Bank, Société générale, SCB Cameroun, Commercial Bank of Cameroon, Ecobank Cameroun, Union Bank of Cameroon.

Effet de ruissellement

Dans l’accord signé le 15 décembre, Eneo s’engage pour sa part à « à procéder au règlement de sa dette vis-à-vis de ses fournisseurs ». Il devra payer, une fois l’argent reçu, 68 milliards au producteur indépendant d’électricité Globeleq à travers ses filiales KPDC (53 milliards) et DPDC (15 milliards) ; 13 milliards au transporteur public de l’électricité Sonatrel et 17 milliards à la société publique de patrimoine EDC. Le Trésor public devrait aussi s’en titrer avec plus de 26 milliards de FCFA. Car le document fait aussi obligation aux filiales de Globeleq de payer au profit de l’État des dividendes et autres impôts et taxes. Il faut dire que comme à Eneo, l’État est un actionnaire de référence de ces deux centrales thermiques. 

Ces paiements, qui arrivent après un premier de 45 milliards de FCFA en 2020, sont un vrai cadeau de Noël pour le directeur général d’Eneo, Éric Mansuy. Depuis son arrivée à la tête de l’entreprise en fin 2019, le manager a fait du rétablissement de l’équilibre financier du secteur son cheval de bataille. Selon nos informations, sa dernière lettre au Premier ministre, Dion Ngute, aurait été particulièrement persuasive pour le déclenchement des opérations actuelles.

Eneo recherche en ce moment près de 210 milliards de FCFA auprès de bailleurs de fonds internationaux pour la réalisation de son programme d’investissement quinquennal (2021-2025). Ce geste de l’État tombe donc à point nommé pour l’entreprise qui estime que les paiements de l’État sont perçus par les investisseurs comme des signaux positifs. Déjà avancées, les négociations avec la Banque mondiale pour un prêt pourraient donc se conclure.

Rédaction
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