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John Nkengasong : un Camerounais parmi les 100 personnalités les plus influentes de la planète en 2021

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(BFI) – Cité par le magazine Time parmi les personnalités les plus influentes de la planète durant 2021, le Camerounais est devenu l’une des figures les plus médiatisées du continent depuis le début de la pandémie de Covid-19. Finalement, la personnalité africaine phare du secteur de la santé n’est peut-être pas à la tête de l’institution qu’on croit.

Ces dernières heures, de nombreux médias américains ont laissé entendre que le président Joe Biden a décidé de nommer John Nkengasong à la tête du Plan présidentiel d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (PEPFAR). Une preuve de plus de la dimension prise par le virologue camerounais, cité il y a quelques jours parmi les 100 personnalités les plus influentes de la planète en 2021, dans le célèbre classement du magazine Time. 

Pour le premier et unique directeur du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, les étoiles n’ont jamais été autant alignées.

Premier de sa famille à faire des études supérieures

Né en 1959, à Douala, au Cameroun, John Nkengasong était loin de s’imaginer durant son enfance vécue au sein d’une famille modeste, diriger la réponse de l’Union Africaine face à une crise sanitaire planétaire. Pour mettre l’accent sur ses modestes origines, plusieurs médias n’hésitent pas à rappeler qu’avant lui aucun membre de sa famille n’avait fait d’études supérieures.  Malgré tout, selon plusieurs proches, la curiosité de l’intéressé laissait présager, dès ses plus jeunes années, une prédisposition certaines pour les études. Après ses classes secondaires, il décide d’étudier la biologie à l’université de Yaoundé.

Un après-midi, en 1988, alors qu’il était stagiaire en biologie au sein de l’université de Yaoundé, John Nkengasong décide de sacrifier sa pause-déjeuner pour avancer dans sa recherche sur la prévalence de l’hépatite B chez les femmes enceintes. A un moment, il entend frapper à la porte du laboratoire. Seul, il va donc ouvrir au visiteur. A sa grande surprise, il découvre le célèbre microbiologiste Peter Piot, devenu plus tard directeur exécutif du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida.

Présent au Cameroun pour une conférence, ce dernier souhaitait visiter le laboratoire. Ravi par le dynamisme du jeune stagiaire, Peter Piot lui propose une bourse d’études à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, en Belgique. Ce sera le premier des évènements déterminants de la vie de John Nkengasong qu’il attribue totalement au hasard. « J’ai toujours été un accident de la vie.  Je saute sur une opportunité, je l’exploite au maximum, et je grandis », a-t-il déclaré.

Premier africain à la tête du laboratoire de l’institut de biologie d’Anvers

Une fois en Belgique, le Camerounais obtient une maîtrise en sciences biomédicales tropicales à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, et un doctorat en sciences médicales, option virologie à l’Université de Bruxelles. Ses travaux de thèse caractérisent la diversité génétique du VIH en Afrique. Ses travaux impressionnent et le font nommer premier chef africain du laboratoire de biologie de l’institut. Pour lui, encore là, c’est un accident de la vie. « Je ne suis pas sûr que je savais ce que je faisais. J’avais à peine 34 ans, avec ce genre de responsabilités. Et j’ai grandi au cours de ce processus», a-t-il déclaré. En 1990, autre coup de chance. Un matin, il lit, comme souvent, les dernières revues scientifiques à la bibliothèque d’Anvers lorsqu’il aperçoit une offre d’emploi dans la célèbre revue scientifique The Lancet.  

L’annonce est pour un poste de virologue en Côte d’Ivoire dans la station de terrain des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Il quitte son emploi et obtient le poste qui le charge de monter un laboratoire d’études pour le compte du CDC américain. Il en fait l’un des établissements d’études les plus avancés d’Afrique subsaharienne à cette époque. Son laboratoire a été l’un des premiers d’Afrique à cultiver le virus du SIDA et à dresser une carte exhaustive de ses sous-types génétiques. John Nkengasong fait partie des premiers à décrire la résistance antimicrobienne au traitement du VIH. Il dirige également des essais cliniques sur des stratégies visant à réduire la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Sa présence en Côte d’Ivoire a permis d’en faire un pôle de déploiement des médicaments contre le VIH en Afrique. Pour le Camerounais, c’est « peut-être la meilleure période de sa vie ». « C’était vraiment une période très fascinante de la pratique de la santé publique sur le continent à l’époque », a-t-il ajouté. Seulement, la guerre civile vient mettre fin à la lune de miel ivoirienne du Camerounais. Le CDC américain évacue John Nkengasong vers son siège à Atlanta. En 2003, il fait partie des fondateurs du Plan présidentiel d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (PEPFAR).

A l’origine de la création du CDC africain

En 2014, une épidémie massive d’Ebola touche l’Afrique de l’Ouest. Elle met à nu les faiblesses du continent tout entier en matière de réponse aux épidémies. « J’ai vu la façon dont le continent a lutté pour gérer Ebola en Afrique de l’Ouest. Cela m’a brisé le cœur », explique John Nkengasong. Il quitte alors son poste à Atlanta et milite pour la création d’un CDC africain en 2016.

L’Union Africaine accède à sa doléance et lui confie la direction de la structure, même si les débuts sont compliqués. Pendant sa première année à ce poste, il n’a pas de bureau et gère ses préoccupations dans le siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, où il n’a pour seul collaborateur que son ordinateur. Malgré ses craintes, il poursuit quand même l’aventure. Le CDC africain se structure mieux et réussit à former des cadres en matière de surveillance, de gestion des laboratoires, de mise en place de systèmes d’information, et de préparation aux crises sanitaires.

Le CDC sera rudement mis à l’épreuve dès 2020. Heureusement, John Nkengasong est prévoyant. Dès février 2020, il saisit l’ampleur potentielle de la Covid-19 et encourage les gouvernements africains à prendre des précautions. Sous sa direction, le CDC est devenu une source fiable de connaissances scientifiques sur le continent et à l’étranger.

L’institution aide notamment à faire tester la population sur le continent, et se signale par une approche transparente du partage des données sur la pandémie par tous les pays africains, avant de gérer l’épineuse question des vaccins.

Grâce John Nkengasong, entre autres, le continent a résisté très efficacement face à la pandémie. Avec 5,7 millions de cas déclarés et moins de 150 000 décès, à la moitié de l’année 2021, l’Afrique était à cette époque le continent le plus épargné par la pandémie.

Et au moment où les variants et la pénurie de vaccins commencent à compliquer la situation, le Camerounais devrait quitter la tête du CDC, pour retourner au PEPFAR.

Agence Ecofin

Rédaction
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