(BFI) – Meilleur assureur africain en 2020, l’une des meilleures performances de la Bourse de Maurice depuis plusieurs années, Mauritius Union Assurance (MUA) a également renforcé son ancrage en Afrique de l’Est avec son implantation au Kenya l’été dernier. Bertrand Casterès, CEO de MUA, revient sur ces temps forts et livre son analyse à propos du secteur de l’assurance dans un contexte économique plus ou moins incertain. Entretien.
Vous venez de recevoir le prix de l’assureur africain de l’année, une année 2020 pleine de surprises pour l’économie mondiale en général et le secteur des assurances en particulier. Que représente cette distinction pour vous ?
Pour nous, ce prix représente avant tout la reconnaissance du travail collectif et systématique que nous effectuons avec les équipes de MUA depuis plusieurs années pour devenir un acteur africain à part entière, avec une présence dans plusieurs marchés sur le continent. Cette récompense consacre donc l’expansion africaine, entamée en 2014 avec le rachat de la compagnie d’assurances Phoenix Assurance Group, et désormais une présence de MUA dans six pays en Afrique et dans l’Océan Indien.
Nous œuvrons pour positionner MUA en tant qu’acteur régional innovant et dynamique. Aujourd’hui, nous renforçons encore notre présence en Afrique de l’Est, comme en témoigne notre acquisition récente de Saham Kenya, en 2020. Par ailleurs, nous tenons également à remercier Africa Re d’organiser cet événement, fondamental pour le progrès du secteur.
Comment avez-vous vécu l’année écoulée au sein du secteur africain des assurances en général et chez MUA en particulier ?
Tous nos marchés et leurs économies respectives ont pâti de la pandémie de covid-19 et notamment de ses répercussions économiques et sociales. Nous sommes tout d’abord sensibles à la situation critique d’un grand nombre de nos employés, de nos clients, les particuliers comme les entreprises, et de toutes les communautés au sein desquelles nous opérons. Nous avons tous été contraints de nous adapter, de changer nos habitudes, de nous connecter de différentes manières et d’apprendre à naviguer dans une nouvelle réalité.
À travers tous ces événements et ces changements, les équipes MUA ont fait preuve de flexibilité, de capacité d’adaptation et de résilience. Cette résilience même a permis à MUA de surmonter les rigueurs financières et de continuer à tenir ses engagements auprès de ses clients.
L’acquisition de Saham au Kenya a amplifié la force de frappe de votre groupe qui, outre Maurice est également actif en Ouganda, au Rwanda, en Tanzanie et aux Seychelles. Comment se portent vos activités sur ces marchés où la croissance économique a été considérablement ébréchée du fait de la crise ?
Il est encore un peu tôt pour vraiment cerner les effets de la crise sur nos filiales en Afrique de l’Est et même à Maurice. Notre filiale d’assurance vie à Maurice a connu une année difficile avec des marchés boursiers très volatiles et une baisse des taux d’intérêts. Cependant, malgré une conjoncture compliquée, nous avons enregistré une croissance de 15% du chiffre d’affaires pour les neuf premiers mois de l’année. À Maurice l’assurance en général a connu une croissance de 4% en primes brutes. L’année 2020 s’est démarquée par des résultats opérationnels solides pour toutes nos filiales.
Quelles perspectives émettez-vous pour le secteur de l’assurance en 2021, où il est question de relance économique, dans un contexte de deuxième vague de contamination au Covid-19 et nouvelle souche du virus ? Cette année s’annonce-t-elle moins difficile que 2020 pour les assureurs africains ?
Le secteur de l’assurance en Afrique ne sera certainement pas épargné par les enjeux financiers et sanitaires dont on est déjà témoin. La reprise économique s’annonce compliquée et lente, mais les assureurs sont pour la plupart préparés et le secteur s’est montré résilient. Notre cœur de métier c’est de gérer les risques, et nous allons continuer à apporter notre expérience et notre soutien aux entreprises et aux clients individuels. Nous nous assurerons aussi d’apporter encore plus en ces temps de crise un esprit de solidarité entre nos assurés ; les sinistres réglés aux sinistrés étant issus des cotisations payées par l’ensemble des assurés. Nous avons le devoir d’être encore plus innovants, réactifs et résilients pour mieux répondre à cette nouvelle réalité et aux attentes en constante évolution de nos clients.
Cotée sur le Stock Exchange of Mauritius, MUA est la plus grande compagnie d’assurance de la Bourse de Maurice en termes de capitalisation boursière et figure dans la liste des 10 valeurs les plus performantes depuis sa cotation en 1993. La crise n’a pas du tout bousculé le cours de l’action MUA ? Alors que MUA s’intéresse particulièrement au marché d’Afrique de l’Est, peut-on espérer une prochaine IPO sur l’une des places financières de la sous-région ?
Notre capitalisation boursière a effectivement dépassé les 100 millions de dollars US – elle se situe désormais à plus de 114 millions de dollars US. Nous sommes très fiers d’être aujourd’hui dans le SEM-10, et ceci pour la première fois. Il est toutefois trop tôt pour envisager un IPO sur une autre place financière à ce stade.
Après l’Afrique de l’Est, quelle sera la prochaine étape du développement de MUA sur le continent ?
Pour l’immédiat, nous allons nous concentrer sur la consolidation des parts de marché dans chaque pays où nous opérons. Nous allons renforcer nos opérations, en misant notamment sur la digitalisation, l’innovation et en répondant du mieux que nous pouvons aux besoins de nos clients, tout en jouant notre rôle d’assureur responsable et solidaire au travers notamment de nos campagnes de prévention. Nous restons aussi ouverts aux opportunités qui se présenteront dans les années à venir, car l’Afrique est un marché très prometteur dans lequel nous croyons beaucoup.