(BFI) – L’historique des levées de fonds dans la Cemac montre que les investisseurs camerounais sont les plus dynamiques sur le marché monétaire de cet espace. Pour réaliser son ambitieux programme d’emprunts pour 2021, le Gabon sait qu’il doit susciter leur intérêt.
Afin de réussir son programme d’émissions de titres publics sur le marché monétaire de la sous-région en 2021, l’Etat du Gabon, qui entend mobiliser une enveloppe globale de 885 milliards FCFA sur ce marché, cette année, a initié un road-show dans la zone Cemac. Cette opération de charme en direction des investisseurs a débuté le 13 janvier 2021 à Douala, la capitale économique camerounaise.
« Le Cameroun a été choisi pour le lancement de ces opérations, en raison du caractère dynamique de sa place financière qui concentre un grand nombre d’investisseurs institutionnels et particuliers dans la sous-région », a expliqué Ulrich Mbadinga, le directeur des opérations monétaires et financières à la Direction générale de la comptabilité publique et du Trésor gabonais.
Cependant, la délégation dépêchée à Douala par l’Etat gabonais n’a pas expliqué par quelle alchimie l’enveloppe des financements sollicitée par émissions successives de titres publics sur le marché monétaire en 2021 culmine désormais à 885 milliards FCFA, au lieu des 320 milliards FCFA dûment autorisés par la Loi de finances 2021 de ce pays.
Au demeurant, force est de constater que pour ses emprunts de long terme en 2021, le Trésor gabonais se recentre également sur le marché monétaire piloté par la BEAC, au détriment de la bourse unifiée de l’Afrique centrale, jadis prisée par le Gabon. Le pays d’Ali Bongo marche ainsi sur les traces du Congo, qui, en 2020, a refinancé un emprunt émis sur le marché boursier par des émissions de titres publics sur le marché monétaire.
Hausse des taux d’intérêt en perspective
Mais, à en croire le site Investir au Cameroun, ces deux pays se sont inspirés du Cameroun qui a inauguré avec succès les programmes d’emprunts de long terme sur le marché monétaire en 2019. Avec à la clé des enveloppes successives de 150 et un peu plus de 219 milliards FCFA mobilisées respectivement en 2019 et 2020. Ce succès tient non seulement de la qualité de la signature du pays, mais aussi du dynamisme de ses investisseurs, caractéristique dont le Gabon veut tirer avantage dans le cadre de son programme de levée de fonds de 2021.
En effet, que ce soit sur le marché boursier ou le marché monétaire, les investisseurs de la première économie de la Cemac sont toujours les plus dynamiques. En d’autres termes, la réussite de toute levée de fonds dans cet espace communautaire dépend inéluctablement de l’accueil que les souscripteurs du Cameroun réservent à cette opération.
Pour preuve, dans un rapport des opérations sur le marché des titres publics à fin juin 2018, le Conseil de surveillance de la Cellule de règlement et de conservation des titres (CRCT) de la BEAC révèle que dans le top 10 des pourvoyeurs des financements sur ce marché, figurent quatre banques du Cameroun qui ont permis aux Etats de la Cemac de mobiliser 352 milliards FCFA au cours de la période sous revue. Cette enveloppe représente environ 30% de l’encours global de la dette des Etats sur ce marché (1 020 milliards FCFA), au cours de la période précitée. Mieux, selon la même source, au 30 juin 2018, le champion du financement des Etats de la Cemac sur le marché monétaire était la banque camerounaise Afriland First Bank, avec plus de 150 milliards FCFA mis à la disposition des Trésors publics.
Le programme des émissions de titres publics gabonais sur le marché monétaire de la Cemac en 2021 est le plus ambitieux jamais annoncé sur ce marché, depuis son lancement en 2011. Ce programme augure surtout une rude bataille sur ce marché au cours de l’année courante, avec pour corollaire un probable renchérissement des intérêts à servir aux investisseurs.
Ecofin