(BFI) – Le 7 octobre 2020, le Trésor public camerounais a réussi à mobiliser un financement de 35 milliards de FCFA sur le marché monétaire. Au cours de cette opération, à laquelle ont souscrit tous les mastodontes du marché bancaire local (BICEC, Société Générale, Ecobank, SCB Cameroun), 37,5% de l’enveloppe, soit 13 milliards de FCFA en valeur absolue, a été pourvue par une seule banque : la Commercial Bank-Cameroun (CBC).
Sur cette opération, cette institution bancaire, fondée par le défunt milliardaire, Victor Fotso, puis finalement tombée dans l’escarcelle publique après une longue et laborieuse procédure de restructuration, exhibe ainsi un certain confort, en termes de liquidité. Cette liquidité, mais surtout le dynamisme retrouvé de la CBC sur le marché local, transparaît dans le récent « rapport sur l’évolution des taux débiteurs pratiqués par les établissements de crédit dans la zone Cemac », publié par la Banque centrale.
À en croire ledit document, la CBC figure dans le quatuor des meilleurs financiers de l’économie camerounaise, avec 14,44% des crédits globaux à l’économie, au cours du 2e semestre 2019. Contre 9,34% au 2e semestre 2018, soit une progression de 5,1% en glissement annuel. Sur cette période de l’année 2019, Commercial Bank Cameroon surclasse même Afriland First Bank, l’unique établissement à capitaux majoritairement camerounais, qui tutoie les multinationales sur le marché bancaire local depuis des années.
Au-delà de ce dynamisme sur le marché du crédit, la CBC revendique un résultat net de 2,5 milliards de FCFA en 2019 (contre 1,5 milliard de FCFA en 2017). Cette performance dépasse les 2,110 milliards de FCFA d’objectif contenu dans le contrat de performance 2018-2020, signé entre cette banque et l’Etat du Cameroun, devenu son actionnaire de référence.
Ouverture du capital
Dans le même temps, alors que le contrat de performance avec l’Etat lui imposait des fonds propres de 15,529 milliards FCFA en 2020 (contre 12,016 milliards en 2017 ; 12,937 milliards en 2018 et 14,097 milliards en 2019), la CBC revendique le dépassement de ce seuil de près de 8 milliards de FCFA, puisqu’elle annonçait en mars 2020, des fonds propres de 23 milliards de FCFA.
Autant d’indicateurs aguichant qui permettent à cet établissement de crédit de « préparer l’ouverture du capital de la banque au profit des investisseurs crédibles, conformément à l’engagement de l’État, actionnaire majoritaire », comme l’indique la feuille de route 2020 prescrite à la banque.
Fondée en 1997, la CBC a, après une longue période de prospérité, connu des difficultés liées au non-respect des ratios prudentiels et la dilapidation des fonds propres de la banque (presque inexistant en 2009, après avoir dépassé 11 milliards de FCFA en mai 2008, selon un audit de la Cobac). Alors dirigé par l’homme d’affaires Yves Michel Fotso, le fils du promoteur, cet établissement a été finalement mis sous administration provisoire en 2009 par la Cobac, le régulateur du secteur bancaire dans la zone Cemac.
Après six prorogations qui auront couru sur 7 ans, la fin de l’administration provisoire sera prononcée en 2016, après une recapitalisation de la banque. En effet, en avril 2014, au bout de deux tours de tables boudés par ses actionnaires historiques, qui ont toujours dénoncé « une tentative d’expropriation », la CBC a été recapitalisée à hauteur de 12 milliards de FCFA, dont près de 10 milliards de FCFA injectés par l’État du Cameroun, qui contrôle désormais 98% des actifs de cette ancienne banque privée.