(BFI) – Depuis le sommet de Sotchi, la coopération économique entre la Guinée Equatoriale et la Russie a pris une nouvelle dimension. Après l’obtention d’une licence et autres accords, le géant russe Rosgeo va réaliser la cartographie géologique de Rio Muni, considérée comme l’une des zones les plus prometteuses du pays en pétrole, gaz, minerais et métaux. Le projet devrait également déboucher sur des activités d’exploration à grande échelle.
Une équipe de la Russian Geological Exploration Holding (Rosgeo) s’active depuis quelques jours en Guinée Equatoriale. Elle a lancé les travaux d’un projet de cartographie géologique dans le Rio Muni, considérée comme l’une des zones les plus prometteuses du pays en matière de pétrole et gaz notamment. Ces travaux seront également suivis d’intenses opérations d’exploration. « Cette région de la Guinée équatoriale est amenée à devenir un nouveau pôle de ressources naturelles à la fois pour les opérations pétrolières et gazières onshore, mais aussi pour les mines et les minéraux. Les activités d’exploration à venir jetteront les bases de cette prochaine phase de croissance de notre industrie », a déclaré Gabriel Mbaga Obiang Lima, ministre des Mines et des Hydrocarbures, dans un communiqué, se réjouissant du partenariat avec les Russes.
Les fruits de Sotchi
Ce projet, conclu lors du sommet Russie-Afrique de Sotchi en octobre 2019, marque le come-back de Rosgeo en Guinée Equatoriale après plus de 40 ans. Sa filiale serait l’une des premières entreprises à avoir mené des travaux d’exploration géologique dans ce pays d’Afrique centrale dans les années 1970. En mai dernier, ses deux filiales internationales, JSC Zarubezhgeologia et JSC Yuzhmorgeologia, ont chacune décroché un contrat pour la phase initiale du projet.
Au-delà de cette entreprise publique, c’est la Russie toute entière qui pousse ainsi les pions de son influence, dans le cadre d’un retour en force sur le continent africain. Lorsque le Kremlin confirmait l’an dernier ses ambitions africaines dans l’exploration géologique, le pétrole, le gaz, …, la Guinée Equatoriale était bien une de ses cibles. D’ailleurs, les choses sont allées très vite. En novembre dernier, le gouvernement équatoguinéen a octroyé au géant russe Lukoil une licence d’exploration gazière sur l’important bloc EG-27, dans le bassin du Niger. Même si les deux parties s’accordent encore sur les contours de la coopération, celle-ci s’annonce prometteuse, puisque ce bloc gazier, précédemment aux mains d’une entreprise israélienne, est considéré comme le plus prolifique du pays, avec des ressources estimées à 3,7 Tcf de gaz, soit 103,6 milliards de mètres cubes.
Moscou au cœur de la diversification économique Equato-guinnéenne ?
Etendue sur 28 000 km2 avec 1,4 million d’habitants, la Guinée Equatoriale est le quatrième producteur de pétrole d’Afrique. Au pays de Teodoro Obiang Nguema, l’or noir, moteur de l’économie, a favorisé des niveaux de croissance astronomiques : 150% en 1997, 63,4% en 2001, 38% en 2004… Mais cette dépendance vis-à-vis du pétrole lui a souvent couté cher comme en 2009-2010 où la croissance du PIB est tombée à 1,3% puis -8,9%, suite à la crise financière mondiale dont les répercussions sur les cours de l’or noir avaient été violentes. Après une certaine restauration en 2011 et 2012 (6,5% et 8,3% de croissance), l’économie équatoguinéenne est entrée en récession depuis la crise pétrolière de 2014 sans en ressortir. Et la pandémie de coronavirus a empiré la situation.
Alors que la diversification économique s’est imposée comme un impératif pour la survie économique du pays, le plan gouvernemental -tout en continuant de miser sur la clé pétrolière- met un accent sur le gaz et les mines. La cartographie géologique lancée par les Russes devrait donner une visibilité claire sur le plein potentiel du pays en la matière. Selon les experts, la région de Rio Muni serait riche en diamants, en or, mais aussi en bauxite et en minerai de fer, entre autres.