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« Il a fallu qu’on se réinvente, afin de préserver notre qualité de service » Abakal Mahamat, DG BGFI Cameroun

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(BFI) – Sur la base de l’expérience de l’entreprise qu’il dirige, Abakal Mahamat (photo), directeur général de BGFI Cameroun, évalue dans une interview accordée à Investir au Cameroun, les effets du coronavirus sur le secteur financier local et apprécie les mesures prises pour atténuer le choc.

Quel a été l’impact de la covid-19 sur vos opérations?

Cette pandémie a pris tout le monde de court. Nous exerçons dans le domaine des services financiers, et nos activités ont été paralysées, tout comme celles de nombreux clients ont été interrompues. Cela a nécessité un rapide réajustement de notre modèle d’affaires. En effet, les secteurs public et privé, de même que le secteur informel, ont été fortement impactés par la pandémie et les banques ont subi le contrecoup avec une nécessité accrue d’accompagner leur clientèle durant cette période difficile.

Néanmoins, comme toute crise, et malgré ses effets néfastes, la pandémie de covid-19 a été riche d’enseignements qui nous permettront sûrement d’être plus résilients et d’anticiper sur de pareilles occurrences, que nous ne souhaitons bien sûr pas voir se reproduire.

Avant d’en arriver aux leçons apprises, les interventions de la Banque centrale et du gouvernement du Cameroun ont-elles dilué les effets négatifs dont vous parlez ?

Il y a eu un effet certain de soutien de la part de toutes ces entités. Récemment, la Banque centrale a annoncé qu’elle rachèterait pour 600 milliards FCFA d’obligations du Trésor des pays de la CEMAC, ce qui représente une énorme bouffée d’oxygène pour les Etats concernés, et pour les banques en termes de trésorerie.

Elle a aussi publié une série d’instructions et de communiqués visant à permettre aux banques commerciales de se stabiliser. Nous pouvons donc affirmer que grâce à ces interventions opportunes, relatives notamment aux rachats des obligations et bons émis par les trésors publics nationaux de la Cemac, d’une part, à l’allègement de certains contrôles sur l’activité des banques et aux injections de liquidités au profit des économies de la sous-région, d’autre part, nous commençons à apercevoir le bout du tunnel.

En ce qui concerne le gouvernement, l’impact s’est davantage fait ressentir à travers les entreprises qui sont nos clients. Nous saluons les efforts consentis par l’Etat sur le plan fiscal, afin de permettre à ces dernières de se déployer plus facilement, et pour certaines organisations de sortir de l’agonie.

En résumé, les actions de la Banque centrale, couplées à l’intervention de l’Etat ont été d’un apport crucial et nous permettent d’entrevoir de meilleures perspectives.

Selon vous, quelles sont les catégories de clients qui ressentent le plus les effets de la reprise ?

Les particuliers et les entreprises la ressentent à des degrés divers, les dernières de façon beaucoup plus significative. En effet, les entreprises représentent des chaînes de valeur qui peuvent combiner en même temps plusieurs types d’impacts. Prenons le cas des grandes entreprises. Elles ont des sous-traitants qui eux-mêmes ont leurs propres fournisseurs de biens ou de services. C’est toute cette chaîne de valeur qui est impactée, avec des effets induits sur les personnes employées par ces entreprises et sur le tissu social dans son ensemble.

Toutes les grandes banques du monde et d’Afrique, y compris le groupe BGFI dont vous êtes le patron de la filiale camerounaise, commencent à tirer les leçons de cette pandémie. À votre niveau, quels enseignements commencez-vous à tirer de la covid-19 ?

Pour un groupe bancaire comme le nôtre qui est présent dans 11 pays, avec une présence marquée à Paris, en France, où les effets de la pandémie ont été parmi les plus prononcés, il a fallu qu’on se réinvente, afin de préserver notre qualité de service, nos relations privilégiées avec nos clients, de et notre apport à l’essor l’économie ; tout cela bien sûr dans le strict respect des mesures énoncées par le gouvernement.

Notre réorganisation s’est ainsi effectuée sous plusieurs volets. Sur le plan de la méthode de travail, nous avons opté pour la visioconférence, en lieu et place des réunions présentielles. Nous avons poursuivi avec la gouvernance du groupe et tenons tous les comités y relatifs.

Notre façon de gérer notre clientèle a aussi évolué. Jusqu’ici, nous avions une gestion très personnalisée des clients que nous allions rencontrer sur leurs sites pour prendre de leurs nouvelles et celles de leurs activités. Cette relation se poursuit, mais à travers les outils que nous offre la technologie.

En plus de la réorganisation des méthodes de travail, il a fallu revoir nos prévisions budgétaires du fait de l’impact de la pandémie sur l’économie. En ce sens, la covid-19 nous est apparue comme une opportunité pour tester notre système de gouvernance et notre capacité à gérer les crises, et nous remarquons avec beaucoup de satisfaction que notre organisation résiste bien au choc, tant au niveau du groupe que de la filiale.

Pour ce qui est du personnel, au-delà des mesures de protection et de distanciation, nous avons mis en place un dispositif de prise en charge matérielle et psychologique des collaborateurs, dont les proches étaient atteints, afin de leur permettre de continuer à travailler dans de bonnes conditions. Dans ce sens-là, je dirais que nous avons réinventé notre manière de gérer notre capital humain.

Quelles suggestions ou requêtes avez-vous à faire à l’endroit des autorités ?

Les autorités ont mis en œuvre diverses mesures pour endiguer cette pandémie. Ce que nous pouvons leur suggérer, c’est de maintenir toutes les actions déjà prises pour relever les entreprises en difficulté du fait de la covid-19, et de poursuivre les différentes actions visant à soutenir l’économie, notamment en termes de pression fiscale. De cette manière, les entreprises de services financiers que nous sommes pourront mieux apporter notre contribution à une pleine reprise de l’économie.

Investir au Cameroun

Rédaction
Rédaction
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